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et proposer l’application de ce système aux côtes de l’Angleterre.

Toutefois, on serait mal venu à prêcher, sur ce point, la vérité à nos voisins. Il n’est pire sourd que celui qui ne veut pas entendre. Jamais un Anglais ne consentira à reconnaître, ce qui est pourtant une vérité démontrée par tous les faits et documents inscrits dans l’histoire des sciences, que sa nation n’a été pour rien dans l’invention du système moderne d’éclairage des phares par les lampes à mèche concentrique et les lentilles à échelons.


CHAPITRE IV

dispositions imaginées par fresnel pour utiliser les rayons supérieurs et inférieurs de la flamme. — anneaux catadioptriques. — fabrication des lentilles à échelons.

Dans un appareil d’éclairage réduit à ce qui vient d’être dit, c’est-à-dire à une portion de lentille centrale, accompagnée de segments disposés sur la même ligne, tous les rayons émanés de la source lumineuse ne sont pas utilisés. Les uns passent au-dessous du tambour de cristal, et vont frapper le pied du phare, les autres passent au-dessus, et se répandent dans les régions supérieures de l’atmosphère. Les uns et les autres seraient donc perdus pour l’éclairage maritime, si l’on n’avait pas les moyens de les recueillir et de les envoyer sur l’horizon avec ceux qui traversent le tambour. C’est encore Fresnel qui a imaginé les dispositions à l’aide desquelles on atteint ce but.

L’illustre physicien français n’arriva pas du premier coup à ce résultat d’une manière irréprochable. Il fit d’abord usage de miroirs réflecteurs pour recueillir les rayons lumineux perdus. Dans le premier appareil de grandes dimensions qui fut exécuté d’après ses indications, et que l’on installa sur la tour de Cordouan, les rayons supérieurs étaient rassemblés par huit petites lentilles, placées au-dessus de la lampe, et projetés, en faisceaux parallèles, sur de grands miroirs plans, qui les renvoyaient à l’horizon.

Quant aux rayons inférieurs, Fresnel songea d’abord à les relever au moyen de petites glaces étamées, fixées au-dessous des grandes lentilles, et disposées d’une manière assez analogue aux feuilles d’une jalousie ; mais cette idée, appliquée dans quelques appareils, ne produisit pas tout ce qu’en attendait son auteur. C’est pourquoi l’on ne tarda pas à remplacer les petites glaces planes par des zones horizontales, composées de miroirs courbes étamés. Des zones semblables furent également installées au-dessus du tambour, à la place du système de lentilles et de miroirs plans décrit plus haut.

Tous ces miroirs courbes offraient bien des inconvénients. Ils absorbaient beaucoup plus de lumière que les lentilles, même lorsqu’ils n’étaient point ternis par l’usage. On pouvait craindre que les gardiens ne les remissent pas exactement en place, lorsqu’ils les dérangeaient pour les nettoyer. Enfin, ils étaient rarement bien exécutés, à cause des difficultés de leur fabrication.

En approfondissant de nouveau la question, Fresnel parvint à la résoudre de la manière la plus heureuse, grâce à l’invention des anneaux catadioptriques, c’est-à-dire des portions de lentilles réfringentes en forme d’anneaux. Mais la disposition qu’il imagina et qui est aujourd’hui adoptée dans tous les phares lenticulaires, ne put être appliquée de son vivant, par suite d’obstacles tout pratiques résultant d’un outillage insuffisant. C’est seulement lorsque l’industrie des phares dioptriques eut pris une grande extension, que les fabricants se déterminèrent à faire les frais nécessaires pour l’exécution des anneaux catadioptriques.

Comme l’indique leur nom, ces anneaux agissent à la fois comme réflecteurs et comme lentilles, c’est-à-dire par voie de réfraction et