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de 48 pieds, elle se terminait par une plateforme sur laquelle on allumait un feu de bois. Un ermite était chargé d’entretenir ce feu. Il percevait, pour sa peine, un droit sur chaque navire qui entrait dans la Gironde.

Fig. 271. — Ancienne tour de Cordouan, à l’embouchure de la Gironde.

Le phare bâti par le prince Noir n’était pas tout à fait solitaire sur son roc. Tout auprès était une chapelle, dédiée à la Vierge. Plusieurs maisons, qui furent construites à la même époque, autour de cette chapelle, finirent par former un petit hameau. C’est là qu’habitaient l’ermite et ses aides, accompagnés sans doute de quelques pêcheurs.

Ajoutons, pour amener cette histoire des phares, depuis l’antiquité jusqu’aux temps modernes, que la république de Gênes fit construire, à l’entrée du port de cette ville, un phare, qui est encore rangé aujourd’hui au nombre des plus beaux. Cet édifice se compose de deux tours superposées, dont la hauteur totale atteint 63 mètres environ. Les deux tours sont établies sur un plan carré ; la première a 9 mètres de côté et la seconde 7 mètres.


CHAPITRE II.

les phares modernes. — perfectionnements du système d’éclairage des phares. — les réflecteurs métalliques, ou appareils catoptriques. — le phare de cordouan est muni de réflecteurs métalliques. — les réflecteurs sphériques, leurs inconvénients. — invention des réflecteurs paraboliques. — travaux de teulère. — application de la lampe d’argand et des réflecteurs paraboliques à l’éclairage des phares » — les phares à éclipses. — leur adoption à la fin du siècle dernier.

On a vu, dans le précédent chapitre, qu’au point de vue architectural, les phares des anciens n’étaient point inférieurs aux nôtres. On peut même dire qu’ils péchaient quelquefois par trop de magnificence. Mais leur éclairage — le point essentiel dans un phare — laissait beaucoup à désirer. Le moyen âge ne réalisa, sous ce rapport, aucun progrès, et l’on se contenta, jusqu’à la fin du xviie siècle, de suivre les errements du passé.

On employait comme combustibles le bois, la houille, les résines, que l’on faisait brûler, soit à l’air, sur la plate-forme de la tour, soit dans une chambre couverte et percée de fenêtres. On cherchait déjà à diversifier les feux, c’est-à-dire à donner des apparences différentes à la série de feux échelonnés le long des côtes, afin de bien renseigner les navigateurs ; mais les moyens auxquels on avait recours dans ce but étaient tout à fait insuffisants. Tel phare, par exemple, brûlait du charbon de terre ; tel autre, du charbon de bois ; un troisième, du bois. C’était aux marins à prononcer, d’après la différence de l’aspect des flammes, sur la position du fanal en