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ment de remarquer ici), une bonne partie de l’air qui entre ainsi par les joints des fenêtres, est, immédiatement après son entrée, attiré par les ouvertures d’appel, qui en sont très-voisines ; il s’y rend directement, sans se mélanger à l’air de la salle, et par suite sans ventiler efficacement. C’est donc de l’air qui entre dans la salle et qui en sort en pure perte, sans avoir produit d’effet utile, c’est-à-dire sans avoir balayé devant lui l’air vicié. Cet air produit infiniment moins de résultat, pour la ventilation, que celui qui, arrivant par les poêles, pénètre par l’axe de la salle, et ne peut en sortir par les ouvertures latérales qu’après avoir balayé et changé l’atmosphère de l’enceinte.

On pourrait, il est vrai, obvier à cet inconvénient en calfeutrant les joints des croisées. Cet expédient, qui ôte la faculté d’ouvrir les croisées, avait été en effet mis en pratique, pendant quelque temps, à l’hôpital Beaujon ; mais on ne l’a jamais employé à l’hôpital Necker ni à Lariboisière, non parce qu’on était satisfait de la ventilation, mais parce qu’on reculait, avec raison, devant l’emploi d’un tel moyen.

Passons au système rival, à la ventilation par refoulement d’air, qui a été installé par MM. Thomas et Laurens, dans l’aile opposée de l’hôpital Lariboisière.

Le système de ventilation que MM. Thomas et Laurens ont établi à l’hôpital Lariboisière, est lié au mode de chauffage de M. Grouvelle par l’eau et la vapeur, que nous avons décrit dans la Notice sur le Chauffage.

La figure 261 (page 401) donne une idée du système de ventilation par refoulement que MM. Thomas et Laurens ont établi dans l’aile de l’hôpital Lariboisière opposée à celle qui est ventilée et chauffée par le système de l’appel.

Une machine à vapeur, AA, placée dans une cave, à l’extrémité de l’hôpital, met en mouvement un ventilateur VV, à force centrifuge. Celui-ci aspire, d’un côté, l’air qu’il puise au sommet S, du clocher de la chapelle. Cet air suit le canal ijk, et le ventilateur VV le pousse dans un grand tuyau, BB, qui va le porter et le distribuer aux différentes salles à ventiler.

La vapeur à quatre atmosphères, que produit la chaudière, fait marcher le ventilateur et perd ainsi une partie de sa force élastique, sans perdre presque rien de sa chaleur. Devenue vapeur à basse pression au sortir de la machine, elle est employée comme moyen de chauffage. Pour cela, elle est reçue dans un tuyau spécial, dont les ramifications se rendent dans les poêles à eau qui se trouvent placés dans les salles. Cette vapeur se condense en cédant sa chaleur aux pièces qu’elle parcourt. Revenue à l’état liquide, elle est rapportée, par le tuyau ee, à la machine, qui lui rendra bientôt son état gazeux et toutes ses propriétés. Ainsi, toutes ses propriétés sont utilisées, et utilisées avec une perte minime : la vapeur produit son effet mécanique, se détend, et cède ensuite sa chaleur latente en repassant à l’état liquide.

L’air, poussé par le ventilateur dans le grand tuyau porte-vent, BB, se divise en ramifications, aa, et se rend aux salles qu’il doit ventiler ; mais, avant de se mélanger à l’atmosphère de l’enceinte, il parcourt un conduit situé sur la ligne médiane, et s’échauffe au contact des tuyaux de vapeur et de retour d’eau. Il traverse ensuite les poêles c, c, auxquels il prend encore de la chaleur. L’air, sortant des poêles, monte à la partie supérieure de la salle, s’étend en nappe et descend ensuite, poussé par derrière, par de nouvelles couches qui le suivent et le remplacent. Il arrive bientôt dans la zone de la respiration, et, parvenu à la partie inférieure, il s’engage dans les conduits d’évacuation qui règnent dans les murs latéraux et suivant un conducteur commun EE, se rendent tous à une vaste cheminée, D, placée à la partie supérieure du comble, d’où il s’échappe au dehors.