Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 4.djvu/400

Cette page a été validée par deux contributeurs.

dans des tuyaux, au contact de substances diverses, n’a pas été modifié dans quelques-unes de ses propriétés ? La science ni la pratique ne nous ont jusqu’ici appris que fort peu de chose sur ce sujet. Mais ce qui est bien acquis, c’est d’abord que de l’oxyde de carbone se développe quand l’air est chauffé au contact de la fonte ; ensuite, qu’une certaine quantité d’ozone se produit dans la transformation de l’eau en vapeurs. L’oxyde de carbone est un agent terrible d’intoxication ; l’ozone est une substance encore bien mystérieuse dans sa nature et dans ses effets, mais qui ne peut qu’exercer une action énergique sur l’économie animale. Il résulte de là, que l’air chauffé et chargé de vapeur d’eau par artifice, peut exercer sur nous, quand il arrive aux poumons, des effets d’autant plus fâcheux que leur action est plus prolongée.

S’il est vrai que l’air, quand il a été imprégné des rayons solaires, acquière des propriétés vivifiantes, de même que le chlore exposé à l’action du soleil, gagne des affinités chimiques plus énergiques, l’air manipulé dans nos appareils de ventilation et tenu à l’ombre, puis laminé dans de longs circuits, ne peut-il pas, à l’inverse, perdre ses qualités vivifiantes ?

Enfin l’air ne pourrait-il renfermer des principes que nous ignorons, principes actifs cependant, qui seraient détruits ou intervertis par le chauffage ?

Ce sont là des vues théoriques et des prévisions fondées sur les données récentes de la science ; mais on peut invoquer à leur appui des faits positifs et des observations certaines.

À l’époque où les cellules de la prison Mazas, à Paris, étaient hermétiquement fermées du côté du dehors, et où elles ne recevaient que l’air abondamment fourni par les ventilateurs installés par M. Grouvelle, air qui n’était chauffé pourtant que par le contact de récipients pleins d’eau chaude, on a vu des individus, détenus depuis peu, déclarer qu’ils étouffaient, tomber sérieusement malades, et réclamer l’ouverture des vasistas. Ils aimaient mieux ne pas être chauffés que d’être privés de l’atmosphère extérieure, pourtant brumeuse et froide. Les vasistas ayant été tenus ouverts, cet état de souffrance des détenus disparut aussitôt.

Ainsi, quand même l’air apporté par les tuyaux ventilateurs, aurait repris la quantité de vapeur d’eau normale à la température considérée ; quand même cet air n’entraînerait pas une seule molécule de gaz oxyde de carbone, il ne serait pas encore doué des propriétés vivifiantes de l’atmosphère naturellement chauffée par le contact des rayons solaires ou des corps insolés. Il entre sans doute dans la composition d’une atmosphère salubre, des éléments divers et complexes, que la physique et la chimie n’ont pas encore saisis, comme l’ozone et d’autres que nous ne soupçonnons pas, qui n’ont pas de nom dans la science, mais dont la physiologie démontre la présence, par les faits observés chez l’homme vivant.

Nous verrons dans un instant, à l’article des hôpitaux, quelle différence on obtient dans le traitement des maladies, suivant que l’on emploie, dans ces établissements, la ventilation artificielle, ou que, d’après la méthode des hôpitaux anglais, on laisse le vent courir librement dans les salles.

D’après ces considérations, nous réclamons, en ce qui concerne la ventilation des prisons, la ventilation naturelle, c’est-à-dire les fenêtres largement ouvertes, aussi souvent et aussi longtemps qu’on peut le faire : le jour et la nuit, pendant l’été, et le jour seulement, au printemps et à l’automne. Nous réclamons pour les prisons, de grandes ouvertures, faisant observer à ce propos, que les vasistas des cellules de la prison Mazas et des autres prisons cellulaires construites sur le même plan, ne donnent à l’air qu’un passage insuffisant.

Cependant, comme on ne peut pas, en