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départements, et les résultats furent irréprochables.

Il nous paraît utile de donner un exposé des règles posées dans cette circonstance, par d’Arcet. Nous emprunterons cet exposé à M. Philippe Grouvelle, qui, dans le Dictionnaire des arts et manufactures, résume en ces termes les travaux de d’Arcet sur l’assainissement des théâtres.

« Le chauffage d’un théâtre, dit M. Grouvelle, est, selon d’Arcet, lié intimement à sa ventilation ; car pour pouvoir emporter au dehors des volumes considérables d’air vicié, il faut introduire dans la salle une quantité égale d’air pur, chaud en hiver et frais en été.

« Cet air, chauffé par des calorifères à air chaud, est versé à 25 ou 30 degrés centigrades dans les vestibules, dans les escaliers et dans les corridors des loges.

« Des poêles chauffés par la vapeur, ou mieux par la vapeur et l’eau, suivant le système dont nous sommes inventeurs, doivent être établis dans les corridors, dans le foyer, et sur la scène ; enfin des boîtes à vapeur ou à vapeur et eau, sont logées dans le dallage des vestibules, afin de servir à sécher les pieds des personnes qui arrivent de l’extérieur.

« La combinaison de ces divers systèmes est indispensable à la bonne organisation du chauffage d’un théâtre.

« On pourrait aussi chauffer l’air destiné à la salle sur des calorifères à eau chaude et à vapeur ; l’air amené dans la salle serait certainement plus salubre ; mais la dépense d’établissement serait un peu plus considérable. On peut d’ailleurs ôter à l’air séché par un calorifère, comme nous l’avons dit, ses principaux défauts, en lui rendant la vapeur d’eau qui lui manque.

« Quant à la ventilation, les salles de spectacle ont naturellement un foyer d’appel très-puissant dans leur lustre ; c’est un instrument qu’il faut utiliser, sans aller bien loin en chercher un autre. C’est ce que d’Arcet a fait avec grande raison.

« Il a d’abord déterminé les conditions à remplir :

« L’air doit y être maintenu à 16 degrés centigrades environ dans les corridors, les loges et toute la salle.

« Il faut que l’air de la salle soit continuellement renouvelé pour qu’il ne se charge pas de miasmes ni de gaz délétères, et que son oxygène ne diminue pas dans une proportion dangereuse. Il faut que cet air arrive sans donner lieu à des courants trop vifs dans la salle. Enfin, il faut que cet air soit saturé à moitié d’eau, à la température de 15 ou 16 degrés.

« Pour réaliser ces conditions, d’Arcet a fait établir au-dessus du lustre une large cheminée d’appel, B (fig. 257), couronnée d’un chapeau et fermée à volonté par une trappe à deux vantaux. Il a fait établir au-dessus de la scène une autre cheminée semblable, A. Nous dirons plus loin quel service font ces cheminées.

« Quant à l’air pur et chaud, c’est dans la salle même qu’il doit être introduit, afin de chasser toujours l’air vicié qui s’y trouve.

« Pour obtenir ce résultat sur des volumes considérables sans gêner en rien les spectateurs, deux dispositions ont été proposées et employées par d’Arcet, toutes deux ayant pour but de fractionner indéfiniment les courants d’air introduits et de les répartir dans toute la hauteur de la salle.

« Dans l’une, l’air chaud et pur des corridors, I (fig. 257), est introduit dans la salle par de petits tuyaux passant à travers le plancher des loges, et débouchant au bas de leur devanture.

« Dans le second système, qui est le plus simple, un faux plancher est établi sous le plancher de chaque loge, et on s’en sert pour prendre l’air des corridors et le faire déboucher dans la salle, un peu en arrière de la devanture. L’air, ainsi introduit dans la salle par des séries de tuyaux ou de faux planchers qui font le tour entier de chaque rang de loges, est dans les meilleures conditions pour assainir complétement la salle, sans jamais donner lieu à des courants nuisibles ou même désagréables.

« La hauteur verticale des faux planchers est calculée de manière à suffire largement à l’appel de la grande cheminée. Pour une salle qui peut contenir 2 000 spectateurs, à 10 mètres cubes l’un, le volume à ventiler est de 20 000 mètres par heure, par seconde, 5m,55. En comptant sur une vitesse minimum de 2 mètres par seconde, facile à obtenir ici, et qui en pratique est de beaucoup dépassée, le volume de l’air débité avec une cheminée de 3 mètres carrés sera de 6 mètres par seconde ou 21 600 à l’heure.

« Pour l’introduction de ce volume d’air, il ne faut pas compter sur une vitesse supérieure à 0m,50 par seconde, ce qui donnera 12 mètres carrés pour la somme des sections d’arrivée de l’air dans la salle.

« Des expériences ont été faites par MM. Dumas et Leblanc sur l’air appelé par la cheminée du lustre dans des théâtres ventilés, et on a trouvé des volumes énormes.

« Avec des conditions d’arrivée d’air dans la salle, comme celles que nous venons de poser, les portes des loges peuvent être alors ouvertes, sans que les spectateurs se trouvent dans un courant d’air dangereux ou désagréable. Pour obtenir aussi une lé-