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Chambre des pairs, qui sert aujourd’hui aux réunions du Sénat, était chauffée et ventilée par de l’air chaud, qui arrivait par la base des gradins, derrière les fauteuils des membres de cette assemblée. Les plaintes des Sénateurs contre cette disposition furent tellement vives, que ce système dut être abandonné.

La salle du Corps législatif est ventilée de la même manière ; seulement les bouches de chaleur sont rares, et nos députés ont le soin de ne pas trop s’en approcher.

Ces exemples sont décisifs contre la ventilation naturelle.

En résumé, avec cette méthode, pas de renouvellement intégral de l’air, et en outre, le désagrément du voisinage des bouches d’arrivée, et le défaut de l’éloignement des bouches de départ.

On prétend qu’avec la ventilation naturelle les personnes respirent de l’air pur. Illusion ! Nous savons déjà à quoi nous en tenir sous le rapport du gaz acide carbonique. Mais est-il pur, l’air qui a frôlé les chaussures et léché les corps tout entiers, avant d’arriver aux organes olfactifs ? Est-il pur, l’air qui soulève les poussières et les maintient en suspension dans l’atmosphère ? Et s’il s’agit des hôpitaux, l’air qui porte avec lui les miasmes, et les répand d’un malade à un autre, est-il plus pur que l’air qui, arrivant par les parties supérieures, n’a rien touché dans sa marche, et rabat, au contraire, tous les corpuscules contre terre ?

On a dit que la ventilation renversée augmente les dépenses. Le fait est loin d’être établi. Qu’importerait, d’ailleurs, un léger surcroît de dépenses, si ce moyen était seul efficace ?

Concluons, que, dans la généralité des cas, la ventilation renversée, c’est-à-dire l’évacuation de l’air vicié opérée par le bas de la salle, est bien préférable à l’évacuation par le haut, c’est-à-dire à la méthode dite naturelle.

Terminons ce chapitre, en disant qu’il est nécessaire, comme nous l’avons établi dans la Notice sur le Chauffage, de donner à l’air nouveau qui doit ventiler les pièces, le degré d’humidité nécessaire à la température du lieu ventilé. Si cette température, comme c’est le cas habituel, est de 15 ou 18 degrés, l’air devra être à moitié saturé de vapeur d’eau, c’est-à-dire qu’il devra en contenir environ sept grammes par mètre cube. Telle est la proportion adoptée par les médecins qui se sont occupés de ce point particulier de la science.

Cela revient à dire que l’hygromètre à cheveu de Saussure doit, en tout temps, marquer à peu près 75 degrés dans les lieux de réunion et les habitations particulières soumis à un bon système de ventilation.


CHAPITRE VIII

ventilation des salles de bal, de concerts, de réunions. — effet des toitures vitrées. — les salons des tuileries et de l’hôtel de ville. — ventilation du grand amphithéâtre du conservatoire des arts et métiers. — ventilation des écoles. — ventilation des théâtres. — le théâtre lyrique à paris. — le théâtre de la gaité et celui du châtelet. — le théâtre du vaudeville.

Il nous reste à appliquer aux différents cas de la pratique les principes que nous venons d’exposer, et à apprécier ce qui a été fait en cette matière. Nous nous occuperons d’abord du cas le plus simple, c’est-à-dire des locaux dans lesquels un grand nombre de personnes se réunissent pendant un temps très-court, et qui demandent en général une ventilation énergique et de peu de durée, comme les salles de bal, de concert, de réunions publiques, les amphithéâtres des cours, les écoles et les théâtres.

Ventilation des salles de bal, de concert et de réunions publiques. — En général, les salles de bal ne sont pas ventilées. C’est pour cela que les invités ne tardent pas à être pris de vé-