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la combustion vicient l’air et le chargent d’odeurs désagréables. Dans l’article de la Science pour tous que nous avons déjà cité, M. Jouanne, après avoir rapporté ce qui s’est fait à Berlin, pour le chauffage des églises par le gaz, ajoute :

« Cette application du chauffage laisse beaucoup à désirer. Elle développe dans l’intérieur des édifices une odeur désagréable et nauséabonde, qui résulte en partie de la combustion des corpuscules organiques que l’air tient en suspension ; on n’éviterait cette odeur, par une ventilation convenable, qu’en tombant dans un autre inconvénient, puisque cette ventilation enlèverait, avec l’odeur, une notable partie du calorique.

« L’acide carbonique et la vapeur d’eau produits par la combustion contribuent encore à vicier l’atmosphère, et, si le gaz n’est pas parfaitement épuré, les petites quantités d’hydrogène sulfuré et de sulfhydrate d’ammoniaque qu’il peut contenir dégagent, par leur décomposition, des gaz qui noircissent les dorures, les vases et les chandeliers en argent. »

Fig. 235. — Foyer à gaz.

Il est donc de toute nécessité, quand on veut chauffer les édifices ou les appartements au moyen du gaz, d’évacuer au dehors, par un conduit, les produits de la combustion. Or, avec cette disposition, la quantité de gaz que l’on consomme est vingt fois plus forte, et la dépense d’un tel mode de chauffage dépasse toute mesure.

Mais s’il était possible, au lieu de brûler le gaz dans un foyer communiquant avec l’air extérieur et de perdre ainsi le bénéfice de l’air chaud qui s’envole au dehors, de brûler, sans inconvénient ni danger, le gaz dans une pièce entièrement close, on aurait l’avantage de conserver l’air chaud à l’intérieur de la pièce. Dès lors, il ne serait plus nécessaire de brûler un aussi grand volume de gaz, et la quantité de fluide combustible dépensé pour chauffer la pièce étant très-faible, le chauffage deviendrait économique.

Or, il est un gaz dont on peut retenir, non-seulement sans danger, mais avec avantage, les produits de la combustion dans une pièce close. Ce gaz, c’est l’hydrogène pur.

L’industrie peut produire le gaz hydrogène pur avec abondance et dans des conditions assez économiques, comme nous l’avons montré en décrivant les préparations du gaz extrait de l’eau par le procédé de M. Gillard.

Ce gaz serait excellent, comme moyen et comme agent de calorique ; il l’emporterait de beaucoup, sous ce rapport, sur le gaz tiré de la houille. Voici sur quels motifs nous croyons pouvoir fonder cette opinion.

Le gaz hydrogène est de tous les gaz, celui dont la puissance calorifique est la plus considérable. Il résulte de là qu’il est le plus économique comme agent de chaleur. D’un autre côté, ce gaz ne donne naissance, en brûlant, à aucun autre produit qu’à de la vapeur d’eau, résultant de la combinaison entre le gaz hydrogène et l’oxygène de l’air. Il est donc bien préférable, sous ce point de vue, au gaz extrait de la houille, ou hydrogène bicarboné, qui donne nécessairement, en brûlant, de l’acide carbonique, et qui exhale, en outre, quand il est mal épuré, de l’acide sulfureux, dont la présence dans l’atmosphère est éminemment nuisible.

Le gaz hydrogène, ne produisant que de l’eau par sa combustion, ne répand dans l’atmosphère aucun produit dangereux, car la