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tages, tant sous le rapport de l’économie que pour la salubrité.

S’il s’agit d’une maison de commerce ou d’un atelier d’industrie, dont toutes les pièces ne doivent pas être chauffées en même temps, ni aux mêmes heures, le calorifère à vapeur et à haute pression dont l’action est si rapide et l’usage si économique, est un système excellent, et supérieur au précédent.

Enfin, si, dans ces mêmes maisons, certaines parties devaient être continuellement chauffées et d’autres seulement à de rares intervalles, il conviendrait de chauffer les premières en faisant arriver la vapeur par des circuits limités, dans des vases chauffeurs, selon le procédé de M. Grouvelle.

Malheureusement le temps n’est pas encore venu où les maisons seront chauffées par les moyens rationnels que nous venons de décrire. Aujourd’hui, en France, le calorifère est l’exception, et la cheminée la règle. On se chauffe chacun à sa manière, chacun chez soi, et non collectivement. La cheminée, avec ses énormes déperditions de calorique, est à peu près le seul mode de chauffage, et dans les petits hôtels de Paris, où l’on se donne volontiers le luxe d’un calorifère, on adopte toujours le calorifère de cave, le plus vicieux de tous. Ainsi, dans l’état présent des choses, nous sommes dans l’alternative de nous asphyxier par les gaz d’un calorifère de cave, ou de jeter inutilement dans l’atmosphère, par le tuyau des cheminées, les huit dixièmes de la chaleur du combustible.

Le chauffage par les poêles serait encore préférable à ces deux systèmes, n’était son évidente insalubrité.

Nous sommes donc obligé, parvenu au terme de cette Notice, de conclure, avec tristesse, que le problème du chauffage économique dans les habitations, c’est-à-dire la question essentielle du chauffage, est encore à résoudre, au moins en France. Nous aurions à modifier cette conclusion, si nous l’étendions à tous les pays. En Angleterre, où les calorifères à circulation d’eau chaude sont assez répandus ; dans le nord de l’Allemagne et de la Russie, où les poêles sont construits avec une entente sérieuse des besoins domestiques, notre appréciation perdrait de sa justesse. Mais nous avons surtout en vue dans ce livre les us et coutumes de notre vieille France. Tant pis pour les traducteurs et contrefacteurs étrangers de nos ouvrages !


CHAPITRE XV

origine du chauffage par le gaz. — appareil robison. — qualités et défauts du chauffage par le gaz d’éclairage. — cheminées et poêles à gaz. — appareils divers pour le chauffage par le gaz. — fourneaux de cuisine, rôtissoires, etc. — fourneaux des pharmaciens, des coiffeurs, fers à souder. — utilité spéciale du chauffage au gaz. — la cherté excessive du gaz empêche son application générale au chauffage des appartements.

Nos lecteurs savent déjà que Philippe Lebon, qui créa l’éclairage au gaz, voulait aussi consacrer le gaz au chauffage. Par son thermolampe, il entendait utiliser le nouvel agent pour le chauffage, aussi bien que pour l’éclairage, et il voulait même l’employer comme force motrice. Ces trois points sont spécifiés, ainsi que nous l’avons dit, dans le brevet d’invention qui fut accordé à Philippe Lebon, le 6 vendémiaire an VIII, ainsi que dans les brevets de perfectionnement et d’addition, datant du 7 fructidor an IX.

C’est donc à Philippe Lebon qu’il faut rapporter l’honneur de l’invention du chauffage au gaz.

En parlant du pétrole, nous avons dit que, de temps immémorial, dans certaines régions de la Chine riches en gisements d’huile minérale, les habitants savent se chauffer, cuire leurs aliments et utiliser dans leur industrie le gaz combustible, composé de vapeurs de pétrole et de gaz hydrogène bicarboné, qui se dégage des fissures du sol. Les