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salles de cours de sciences et de lettres, à Paris et dans les départements, les salles de concerts et les théâtres, sont, en général, chauffés par les calorifères de cave, ou à air chaud. Les inconvénients ordinaires de ces calorifères, c’est-à-dire les maux de tête et les effets de congestion, chez les personnes qui séjournent dans ces lieux de réunion, se remarquent souvent. Cependant on se propose plutôt ici un problème de ventilation qu’une question de chauffage. Aussi ne traiterons-nous cette question que dans la Notice sur la Ventilation, qui suivra celle-ci.

Le chauffage des prisons exige des précautions particulières. Il faut cacher dans l’épaisseur des murs ou du plancher, les tubes porteurs de la chaleur et les autres parties de l’appareil, parce que les détenus pourraient les détériorer, ou s’en servir comme de porte-voix, de moyen de communication, etc. En outre, le chauffage doit être continu. Le calorifère à eau chaude et à air libre est le système le plus commode et le plus économique pour les petits établissements de ce genre.

Les prisons de plus grande importance ne peuvent être chauffées régulièrement qu’à l’aide du système mixte de chauffage à l’eau et à la vapeur, tel que l’a imaginé M. Philippe Grouvelle, pour la prison Mazas, à Paris.

Relativement aux hôpitaux, le problème est encore plein d’incertitudes. Le difficile n’est pas de chauffer les salles ; car les calorifères de tout genre y parviennent facilement. L’important est de bien renouveler l’air et de chasser, par une ventilation suffisante, les odeurs et les miasmes. Nous nous réservons de traiter complétement cette question dans la Notice sur la Ventilation.

Arrivons au chauffage des maisons ordinaires d’habitation.

Les petits hôtels de Paris, occupés par une seule famille, sont, en général, pourvus d’un calorifère de cave. Le calorifère a été construit en même temps que la maçonnerie et les cloisons, par l’entrepreneur ou l’architecte. Nous avons signalé, dans un chapitre général, les inconvénients des calorifères de cave, leur action malfaisante sur la santé de bien des personnes. Il faut ajouter que, selon la disposition des lieux, selon les coudes qu’il faut imprimer aux tuyaux, selon la hauteur et le nombre des étages, etc., il y a des différences considérables dans le chauffage des différentes pièces exécuté par un calorifère de cave. L’arrivée de l’air chaud est aussi irrégulière qu’on puisse l’imaginer. Par exemple, si une fenêtre est ouverte, la chaleur de toutes les pièces diminue sensiblement par suite de l’appel considérable que fait à l’air chaud de tous les tuyaux de la maison cette large issue inopinément ouverte. Le calorifère de cave est un arbre aux cent branches qui plient au souffle de tous les vents. Ajoutons que, lorsque l’hôtel a trois étages, il est souvent impossible de faire parvenir l’air chaud jusqu’au troisième étage.

Ce mode de chauffage est donc bien insuffisant pour un hôtel. Aussi est-il indispensable d’y adjoindre le chauffage par les cheminées ordinaires. Ici, un mauvais système de chauffage en corrige un autre tout aussi mauvais.

Ce double mode de chauffage est dispendieux. Le calorifère brûle pour 3 à 4 francs de houille par jour, et les cheminées consument, en même temps, une certaine quantité de bois. Cependant, comme le propriétaire de l’hôtel ne se préoccupe que secondairement de la question d’économie, il préfère jouir du double bénéfice d’une bonne ventilation par les cheminées et d’un bon chauffage par le calorifère de cave. Le tirage d’une cheminée est, d’ailleurs, nécessaire pour activer la circulation de l’air chaud.

Pour les maisons ordinaires, dont les différents étages sont habités par divers locataires, le calorifère à circulation d’eau chaude et à air libre est celui qui présente le plus d’avan-