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« 1o La grande capacité calorifique de l’eau et la permanence de sa circulation, longtemps après l’extinction du feu, assurent une grande régularité de température, malgré les interruptions ou la négligence du chauffage ; 2o la température de l’air est toujours modérée ; il est même difficile de l’élever beaucoup avec de grandes surfaces de chauffe. On peut porter la chaleur à de très-grandes distances même dans le sens horizontal et malgré les coudes, ce qui n’est pas possible avec l’air chaud ; 3o les pièces sont chauffées plus également dans toutes leurs parties, tandis qu’avec nos cheminées, des courants dus à diverses causes rendent la température très-variable suivant la place qu’on occupe ; 4o ce chauffage exige très-peu de travail de la part des domestiques, et très-peu de combustible, si la chaudière est bien disposée et à surface de chauffe bien comprise ; 5o on a, dans tous les appartements et sans autres frais, de l’eau pour les bains et les lavabos ; 6o on évite toutes les impuretés et les poussières de l’atmosphère entrant constamment dans les pièces par les prises d’air pour les bouches de chaleur ; ce qui est très-important pour les objets d’art, bibliothèques, musées, etc. ; 7o on évite l’intervention des domestiques dans l’appartement pour entretenir et nettoyer les foyers ; 8o on peut placer les tuyaux soit horizontalement, soit verticalement dans des gaines ou des pilastres garantissant des fuites, et servant en même temps à assurer la ventilation ; 9o pas de cheminées qui fument et détériorent les appartements, la combustion ayant lieu en bas, et par conséquent avec un tirage meilleur ; 10o les chances d’incendie sont presque nulles, chose capitale pour les archives, musées, etc.

« Comme on le voit, dans certaines circonstances, le chauffage à l’eau, que nous appliquons rarement chez nous, peut avoir un très-heureux emploi, surtout dans les habitations où presque toutes les pièces sont occupées, et où l’on a besoin pendant longtemps d’une température douce et régulière. Dans la pratique, on combine le chauffage à l’eau avec le chauffage à air, en utilisant la chaleur de l’appareil pour les pièces contiguës et en envoyant l’eau chaude aux pièces éloignées[1]. »

Des trois espèces de calorifères que nous avons examinés jusqu’ici, le calorifère à circulation d’eau chaude, à air libre, est donc le plus avantageux pour les maisons particulières. Nous faisons toutefois nos réserves pour le chauffage mixte, si heureusement combiné par M. Grouvelle, et qui se compose de la réunion du chauffage à l’eau chaude et du chauffage à la vapeur.

Ce dernier système est l’objet du chapitre qui va suivre.


CHAPITRE XIII

méthode de chauffage mixte, par la vapeur et par l’eau. — application de cette méthode au chauffage de la prison mazas et de l’hopital lariboisière à paris.

C’est à la prison cellulaire de Mazas, à Paris, qu’a été établi le système mixte de chauffage imaginé par M. Grouvelle. Avant de décrire ce mode de chauffage, il sera nécessaire de donner le plan de la prison Mazas. On pourra, de cette manière, apprécier quelles étaient les conditions et les difficultés du problème.

La forme générale de l’édifice qui constitue la prison Mazas, ou la Nouvelle Force, est celle d’une étoile octogone, dont les deux branches antérieures manqueraient et seraient remplacées par le bâtiment de l’administration.

Chacune des branches de l’étoile est un corps de bâtiment à trois étages, contenant 68 cellules par étage, ce qui ferait en tout 1 220 cellules, si certaines parties n’étaient occupées par l’infirmerie et par les bains.

Au milieu de chaque branche est un immense corridor, s’élevant depuis le sol jusqu’au toit, éclairé par des vitrines supérieures, et par un grand vitrage qui forme la paroi extérieure du corridor. Sur toute sa longueur règnent des balcons qui desservent les deux étages au-dessus du rez-de-chaussée.

Le polygone formé par la rencontre des branches, est une salle dans laquelle s’ouvrent les corridors des six corps de bâtiments. Au centre de la salle sont les postes des surveillants, N, d’où la vue s’étend dans tout l’intérieur de l’édifice.

Au-dessus du poste des surveillants est la chapelle. Tous les dimanches, quand le prê-

  1. Traité pratique du chauffage, de la ventilation et de la distribution des eaux dans les habitations particulières, par V. Ch. Joly. Paris, 1869, in-8, p. 128, 129.