Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 4.djvu/290

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Morin dans la séance du 3 mai 1869. Dans ce travail, M. le général Morin confirme ses premières assertions, non en se retranchant derrière les observations du médecin de Chambéry, mais en invoquant des faits précis, des expériences personnelles, qui mettent tout à fait hors de doute le fait de l’altération chimique de l’air par les poêles de fonte ou de fer.

Les reproches que M. le général Morin adresse aux poêles de fonte, portent à la fois sur leurs effets chimiques, physiques et physiologiques.

En ce qui concerne le premier point, M. le général Morin rappelle et confirme par une nouvelle expérience, ce que MM. Sainte-Claire-Deville et Troost avaient déjà établi. Les poêles de fonte, par la rapidité avec laquelle ils s’échauffent et atteignent la température rouge, ont le défaut d’élever considérablement la température de l’air, à une certaine distance de leur surface. M. Morin a constaté des excédants de 15 à 16 degrés sur la température extérieure, en se plaçant à un demi-mètre de distance d’un poêle de fonte, quand ce poêle n’était pas rouge ; et des excédants de 21 à 23 degrés quand le même poêle était au rouge sombre.

Ces chiffres donnent la mesure de l’intensité de la chaleur que peuvent percevoir des ouvriers, des soldats, qui, rentrant après avoir été exposés au froid et à l’humidité, s’approchent pendant quelque temps d’un poêle en métal chauffé au rouge. Ce danger et les graves inconvénients qui en résultent avaient été signalés de la manière la plus nette, par l’illustre Larrey, dans ses Mémoires de chirurgie militaire, à l’occasion des grandes campagnes de 1807, 1810 et 1812. Larrey cite de nombreux cas d’asphyxie, qui, d’après M. Morin, n’auraient pas d’autre cause que la température trop élevée des poêles.

Nous rappelons, à ce sujet, cet autre fait, que nous avons signalé, à savoir, que les poêles, de quelque matière qu’ils soient composés, ont l’inconvénient de ne produire aucun renouvellement d’air dans les pièces. Un poêle ventile, ainsi que nous l’avons dit, 40 à 50 fois moins qu’une cheminée.

Les inconvénients des poêles métalliques, sous le rapport des effets purement physiques, sont donc bien établis.

Mais l’altération chimique, c’est-à-dire la viciation de l’air par suite de la production d’oxyde de carbone, tel est le reproche fondamental qu’on est en droit d’adresser aux poêles métalliques. C’était là aussi le point essentiel, comme le plus difficile, de la question qu’avait à examiner le général Morin.

Déjà, à l’occasion du mémoire de M. le docteur Carret, MM. Sainte-Claire-Deville et Troost avaient prouvé que l’air, au contact de la surface extérieure d’un poêle de fonte, peut se charger d’une proportion d’oxyde de carbone allant jusqu’à 7 dix-millièmes et même 13 dix-millièmes de son volume. Il s’agissait de doser exactement la proportion de ce gaz toxique dans l’atmosphère considérée, ensuite de reconnaître d’où pouvait provenir le gaz oxyde de carbone ainsi produit. M. Morin, avec le concours du préparateur de l’École centrale, M. Urbain, a fait usage, pour reconnaître la présence de l’oxyde de carbone, du procédé qui consiste à faire passer l’air dans une dissolution de protochlorure de cuivre dissous dans l’acide chlorhydrique. En opérant ainsi, M. Morin a trouvé des proportions d’oxyde de carbone de 14 dix-millièmes à 18 dix-millièmes environ du volume de l’air d’une pièce dans laquelle on entretenait la combustion d’un poêle de fonte.

Cependant ce procédé, excellent pour reconnaître la présence de l’oxyde de carbone dans l’air, ne donne pas une certitude suffisante, comme moyen d’analyse quantitative. D’après les conseils de M. Claude Bernard, et en suivant la méthode prescrite par ce