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de coke, même avec un feu très-actif.

En tenant compte de la quantité moyenne de chaleur qu’il faut produire dans un local de grandeur déterminée, on trouve que l’air entier d’une pièce ne sera renouvelé qu’une fois en dix heures. L’évacuation d’air produite par une cheminée est cinquante fois plus considérable.

La ventilation que donnent les poêles dans les appartements est donc tout à fait insuffisante, et le séjour dans un lieu ainsi chauffé est nuisible à la santé, comme tout séjour prolongé dans une atmosphère confinée.

Précisément à cause du faible volume d’air qui traverse leur foyer, les poêles, avons-nous dit, utilisent jusqu’à 85 et 90 pour 100 de la chaleur totale fournie par le combustible. La plus grande portion de cette chaleur est transmise directement à l’air par contact avec les parois du poêle ou du tuyau. L’air chaud va occuper les parties supérieures de la pièce ; l’air froid du dehors, au contraire, appelé pour remplacer le volume gazeux qu’emporte le tirage, s’étale sur le plancher ; de telle sorte qu’un homme debout peut avoir la tête et les pieds dans des couches d’air dont la température diffère de 6 à 8 degrés. Cet état de choses est non-seulement désagréable, mais encore mauvais pour la santé, puisqu’il est prescrit par la Faculté d’avoir les pieds chauds et la tête fraîche, et que c’est ici précisément le contraire qui a lieu.

Dans une pièce chauffée par un feu de cheminée, on n’arrive jamais à noter une pareille différence de température entre les couches d’air de diverses hauteurs, parce que toute la chaleur du foyer est transmise par rayonnement, et que ce rayonnement s’exerce également dans tous les sens. L’air s’échauffe ensuite par contact avec les corps solides, qui forment la masse de la cheminée, mais cette action est si faible, et le renouvellement de l’air si rapide, qu’il n’en peut rien résulter de fâcheux.

Les poêles ont, en outre, l’inconvénient de dessécher l’air, de verser dans la pièce de l’air entièrement dépourvu de vapeur d’eau. Développons cette dernière proposition.

L’atmosphère tient toujours en suspension une certaine quantité de vapeur d’eau, qui est nécessaire à nos organes, puisqu’ils y sont habitués, et qui est variable sous l’influence de plusieurs causes, parmi lesquelles nous ne mentionnerons que la température. L’air dissout des proportions d’eau de plus en plus considérables, à mesure que sa température s’élève ; en été l’air est beaucoup plus aqueux qu’en hiver. Nous disons aqueux, et non pas humide. L’humidité, c’est la vapeur d’eau rendue apparente, sensible ; elle se montre lorsque l’air est saturé de vapeur d’eau, et que cette eau se dépose en gouttelettes ou particules liquides. En hiver, le point de saturation de l’eau est facilement atteint, et souvent dépassé ; l’air laisse déposer à l’état liquide l’eau qu’il renfermait à l’état de vapeur, et voilà pourquoi l’on dit que l’hiver est humide. En été, comme le point de saturation de l’air par la vapeur d’eau est beaucoup plus élevé, ce point n’est presque jamais atteint. L’air est donc très-aqueux, mais il n’est pas humide. L’air chaud peut renfermer beaucoup d’eau en vapeur, puisque c’est en absorbant cette vapeur que l’air chaud sèche les corps mouillés.

Quand l’air d’une pièce dans laquelle on séjourne, est privé de la vapeur d’eau qu’il renferme naturellement et qui est nécessaire à notre santé, il tend à s’emparer de toute l’eau des corps qu’il touche. Respirée, cette atmosphère aride sèche nos membranes muqueuses, et les irrite en les forçant de sécréter davantage. De là, l’aggravation, par suite de l’inspiration d’un air trop sec, des maladies des voies respiratoires déjà existantes, et chez les individus sains, la tendance à provoquer ces mêmes maladies.

Depuis longtemps, dans certains pays, le bon sens pratique a jugé cette question. En