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pratique. Ce mode de construction des tuyaux de cheminées est celui qu’on adopte le plus fréquemment dans les nouvelles maisons de Paris.

La dimension du tuyau et la forme de sa section ne sont pas indifférentes pour son bon fonctionnement. M. le général Morin, dont nous aurons plusieurs fois à citer les travaux, dans le courant de cette Notice, a établi, par de nombreuses expériences, faites au Conservatoire des arts et métiers de Paris, que l’air provenant de la combustion, dans une cheminée, doit parcourir le tuyau avec une vitesse de 1m,40 à 2 mètres par seconde, et s’écouler avec une vitesse de 3 mètres par son sommet rétréci. De ces proportions dépendent l’activité du tirage, le renouvellement convenable de l’air dans la chambre, et l’expulsion complète de la fumée. Or, pour que les gaz qui traversent le foyer, atteignent cette vitesse, il est nécessaire qu’ils ne se refroidissent pas inutilement dans leur ascension. Il convient donc de donner à la section du tuyau une forme telle que le plus grand volume gazeux soit enfermé par la moindre surface possible. La géométrie résout ce problème en indiquant la section circulaire, c’est-à-dire celle des briques Gourlier. Et comme dans un tuyau partout cylindrique, l’air brûlé se refroidissant et diminuant de volume à mesure de son ascension, perdrait continuellement de sa vitesse, on donne au conduit une forme légèrement conique. Le tuyau se rétrécit graduellement jusqu’en haut ; puis à l’orifice extérieur, il se resserre brusquement, afin que le même volume gazeux, passant par une section plus étroite, soit alors forcé d’augmenter sa vitesse.

La surface de la section moyenne d’un tuyau de cheminée, doit être calculée d’après le volume moyen de gaz qui, pendant une combustion bien conduite, traverse l’ouverture de la cheminée. Les architectes donnent toujours au tuyau des dimensions trop larges. Il en résulte une perte de chaleur, à cause de la grande quantité d’air qui est inutilement chauffée, et une diminution du tirage, parce que le foyer ne communique pas à ce grand volume d’air une température aussi élevée qu’à un volume plus restreint.

Ce qui prouve qu’un tuyau beaucoup plus étroit que ceux que l’on adopte aujourd’hui, suffirait à un bon tirage, c’est que les poêles, dans lesquels on brûle beaucoup plus de bois ou de charbon que dans les cheminées ordinaires, n’ont pourtant qu’un conduit six ou sept fois plus étroit. M. le général Morin, dans son Manuel pratique du chauffage et de la ventilation, a donné des tables dans lesquelles les dimensions des conduits de fumée et toutes les autres proportions des foyers, sont calculées d’après la capacité des pièces à chauffer. Les architectes feront bien de consulter ces tables.

Après cette description du mode de construction des tuyaux de cheminées, nous parlerons des principales formes que l’on donne aujourd’hui au foyer, en d’autres termes, nous ferons connaître les différents systèmes de cheminées d’appartement.

On nomme généralement cheminée de Rumford, la cheminée telle qu’elle est construite dans l’immense majorité de nos appartements. La cheminée dite de Rumford n’a plus grande ressemblance avec le vieux modèle laissé par ce physicien. La fumée, au lieu de monter verticalement, comme le voulait Rumford, s’engage dans une gorge oblique, avant d’arriver au tuyau proprement dit. Ce tuyau est arrondi, ou se rapproche de cette forme, tandis qu’au temps de Rumford, tous les conduits de fumée affectaient la forme quadrangulaire.

La figure 160 représente la cheminée ordinaire, ou de Rumford.

Cette cheminée, quoique très-simple, donne d’assez bons résultats, et sa construction est