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drons, dans l’histoire des poêles, sur l’important ouvrage de Keslar.

À la même époque, c’est-à-dire en 1624, parut, en France, un ouvrage important sur l’art du chauffage : l’Architecture des bâtiments particuliers, par Savot. C’est là que l’on trouve posé le principe le plus important dans le chauffage domestique après l’invention du tuyau des cheminées : nous voulons parler de l’isolement du foyer contre le mur, et des chambres de chaleur ménagées dans l’épaisseur des parois de la cheminée.

L’architecte François Savot, inventeur de ces dispositions fondamentales, les avait lui-même réalisées dans les cheminées du palais du Louvre, et les a décrites dans l’ouvrage dont nous avons donné le titre. C’est là que l’on trouve recommandé pour la première fois, de séparer l’âtre du mur, au moyen d’une plaque de fer, et d’ouvrir des bouches de chaleur sur le devant de la cheminée.

En 1665, Blondel, architecte du roi, fit paraître une nouvelle édition, annotée, de l’ouvrage de Savot. Avant ce dernier architecte, les cheminées étaient adossées l’une en avant de l’autre. Blondel nous fait connaître, pour la première fois, l’habitude, prise de son temps, de dévoyer les tuyaux latéralement. Il indique même l’ordonnance de police du 26 janvier 1672, enjoignant les précautions à prendre pour garantir les maisons du feu des cheminées. Cette ordonnance a été confirmée depuis, par celle du 28 avril 1719 et celle du 11 décembre 1852.

Blondel signale enfin, pour la première fois, l’apparition en France des cheminées anglaises, faites de plaques de tôle ou de fer fondu.

En 1713, parut un ouvrage, intitulé Mécanique du feu, dans lequel les principes du chauffage au moyen des cheminées sont posés avec une grande supériorité, et qui contient des règles très-remarquables pour tirer le meilleur parti de ces appareils. L’auteur de cet ouvrage est Gauger, avocat au Parlement de Paris.

Jusqu’à ce jour, le nom de Gauger était resté fort peu connu, et ses inventions (entre autres la cheminée dite des Chartreux) avaient été attribuées fautivement à d’autres personnes. Nous trouvons dans un travail récemment publié, Du chauffage et de la ventilation des habitations privées, dissertation inaugurale pour obtenir le grade de docteur, présentée à la Faculté de médecine de Paris, par M. Castarède Labarthe, un tableau, parfaitement tracé, des travaux de Gauger. Nous rapporterons les pages intéressantes dans lesquelles l’auteur a essayé et a accompli la réhabilitation d’un savant jusqu’ici méconnu.

M. Castarède Labarthe s’exprime ainsi, à propos de Gauger :

« Il semble, » dit Gauger dès le début de son ouvrage, « que ceux qui ont jusqu’à présent fait ou fait faire des cheminées, n’aient songé qu’à pratiquer dans les chambres des endroits où l’on pût brûler du bois, sans faire réflexion que ce bois, en brûlant, doit échauffer ces chambres et ceux qui y sont. » Il se propose donc le problème suivant :

« Allumer promptement du feu ; le voir, si l’on veut, toujours flamber, quelque bois que l’on brûle, sans être obligé de le souffler ; échauffer une grande chambre avec peu de feu, et même une seconde ; se chauffer en même temps de tous côtés, quelque froid qu’il fasse, sans se brûler ; respirer un air toujours nouveau, et à tel degré de chaleur que l’on veut ; ne ressentir jamais de fumée dans sa chambre, n’y avoir jamais d’humidité ; éteindre seul et en un moment le feu qui aurait pris dans le tuyau de la cheminée ; » et encore trouver « des principes qui fourniront des moyens pour tenir les chambres toujours fraîches dans les plus grandes chaleurs, et cependant d’y respirer un air toujours nouveau et toujours sain, » et cela, à l’aide de moyens tellement simples que « ceux qui ne jugent du prix des machines que par les efforts prodigieux d’esprit qu’il faut faire pour les inventer ; par le grand nombre de ressorts qui les fait jouer, par la difficulté qu’il y a de les construire, par le temps que l’on emploie et la dépense que l’on fait pour les exécuter, ne doivent point trouver celles que nous donnons ici de leur goût. »

« Tel est le problème de Gauger ; est-il possible de poser plus clairement et plus exactement à la fois les questions de chauffage et de ventilation réunies ?

« Avant de donner la description de ses appareils, il traite « du feu, de ses rayons de chaleur, et des manières dont il échauffe. »