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Tout mode de chauffage dans lequel les produits de la combustion sont versés directement dans l’atmosphère, est donc éminemment nuisible à la santé.

Le Trépied grec, le Foculus romain auraient été dangereux en d’autres climats que ceux des latitudes méridionales. Ils auraient causé de fréquentes asphyxies, si, en général, les salles de ces pays n’eussent été fort vastes, ouvertes à tous les vents, et si les habitants n’eussent appris, de longue date, à se prémunir contre ce danger.

La preuve la plus convaincante que les anciens peuples de l’Europe centrale, c’est-à-dire les Romains et les Grecs, ne se servaient, pour se chauffer, que de brasiers, que l’on pouvait transporter d’une pièce dans l’autre, c’est qu’il n’existe aucune cheminée dans les maisons de Pompéi, cet inappréciable et authentique magasin de tous les ustensiles de la vie domestique dans l’antiquité romaine.

Comme toutes les maisons romaines, les maisons de Pompéi se composaient d’une ou deux petites cours à ciel ouvert, entourées de chaque côté d’un certain nombre de pièces de dimensions toujours très-exiguës.

Fig. 146. — Une maison de Pompéi.

La figure 146 représente, choisie entre bien d’autres, toutes semblables, l’intérieur de la maison d’un Pompéien. On y voit deux cours, dont la première renferme le bassin plein d’eau, ou impluvium. Les chambres d’habitation sont placées autour de ces deux cours. Or, jamais, dans les chambres d’aucune maison de Pompéi, on n’a rien trouvé qui ressemblât à une cheminée.

Cette absence complète de cheminée que l’on constate à Pompéi, peut être également reconnue aujourd’hui dans la grande cité voisine de l’ancien Pompéi, c’est-à-dire à Naples. Dans la Naples moderne il n’y a pas plus de cheminée qu’il n’en existe dans les maisons en ruines de Pompéi ou d’Herculanum. On ne s’y chauffe, en hiver, qu’avec un petit brasier, que l’on peut transporter d’une pièce à l’autre. C’est ce que nous avons eu trop souvent l’occasion de constater, non sans déplaisir, dans un séjour à Naples au mois de février.

Ainsi le fait de l’absence des cheminées chez les anciens, est bien établi.

Il faut ajouter, pour être complétement renseigné sur les us et coutumes des anciens concernant le chauffage domestique, que l’on se servait aussi, chez les Grecs et les Romains, d’une petite chaufferette à main. Cet ustensile est, d’ailleurs, toujours en usage dans l’Italie moderne. On le nomme focone. La figure 147 représente le focone actuel des Italiens. On reconnaîtra cet ustensile sur plusieurs tableaux des peintres italiens, anciens ou modernes, qui représentent leurs personnages tenant à la main cette espèce de chaufferette.

On retrouve aujourd’hui le focone des Italiens en Espagne et dans le midi de la France. Il n’est pas même entièrement in-