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L’ART
DU CHAUFFAGE

Après la question de l’éclairage, nous plaçons assez naturellement celle du chauffage.

Si nous voulions embrasser cette question dans son entier, il nous faudrait des volumes pour son développement. Hâtons-nous, en conséquence, de dire que le seul objet de cette Notice — et il est déjà assez étendu — c’est le chauffage des habitations, tant privées que publiques.

Le plan de ce travail sera le plus simple possible ; il fera ainsi contraste avec les classifications multiples et embarrassées, que l’on rencontre dans les ouvrages scientifiques où cette question est traitée. Nous étudierons successivement :

1o Les cheminées ;

2o Les poêles ;

3o Les calorifères ;

4o Le chauffage au moyen du gaz.

La science est en possession aujourd’hui d’excellents principes théoriques sur le chauffage des habitations ; mais ces connaissances sont encore peu répandues, malgré leur utilité manifeste. Elles sont même ignorées de beaucoup de physiciens, qui ne les comprennent que par analogie, ou par déduction d’une autre branche de la physique. Nous nous proposons de vulgariser ici ce genre de connaissances, ces conquêtes nouvelles de la science et de l’art, qui touchent si directement au bien-être matériel de l’humanité.


CHAPITRE PREMIER

le chauffage chez les anciens habitants de l’europe méridionale. — le trépied grec. — le foculus romain conservé dans l’italie et le midi de l’europe. — le brasero. — le chauffage chez les anciens habitants du nord de l’europe et de l’asie. — les chalets suisses reproduisent le système primitif de chauffage des habitations chez les anciens peuples de l’asie du nord et de l’europe.

La cheminée est une invention du Moyen âge. Les anciens ne l’ont pas connue. Les premiers peuples dont l’histoire fasse mention, dans notre hémisphère, étaient confinés en Asie, dans les régions qui avoisinent le golfe Persique, et en Europe, sur les bords de la Méditerranée. La douceur du climat, la vie active et errante de ces peuplades primitives, rendaient inutiles des moyens de chauffage perfectionnés.

Chez les Grecs et chez les Romains, la vie domestique était à peu près nulle. Le Romain passait, en toute saison, ses journées et ses soirées en plein air. Patriciens et plébéiens se réunissaient au Forum, rendez-vous général des habitants de chaque cité. Pendant l’hiver, l’ample manteau qui les enveloppait suffisait à les défendre des intempéries de l’air ; pendant l’été, les larges colonnades du Forum les abritaient parfaitement des brûlants rayons du soleil. Aussi chaque ville