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l’air qui s’est préalablement surchauffé dans le foyer D. Cet air ayant rendu à l’oxyde de manganèse l’oxygène nécessaire pour le reconstituer, l’ouvrier ouvre de nouveau le robinet, qui donne accès à la vapeur d’eau venant du tube L, et la décomposition du manganate de soude recommence.

L’oxygène provenant de ces décompositions successives se dégage par le tube G, et se rend au gazomètre.

On estime que la lumière du gaz oxy-hydrique est environ quinze fois plus puissante que celle du gaz ordinaire. Outre sa puissance éclairante, cette source lumineuse est d’une remarquable fixité. On remarqua, par exemple, pendant toute la nuit de tempête du 18 janvier 1868, que les quatre candélabres de l’Hôtel de ville, éclairés à la lumière Drummond, ne cessèrent de briller avec éclat, tandis que presque tous les becs des réverbères ordinaires se trouvaient éteints tout à l’entour, par la violence du vent.

L’essai public du gaz oxy-hydrique qui avait été fait à Paris pendant l’hiver de l’année 1868, a été repris, pendant l’année suivante, par ordre de l’Empereur, dans la cour des Tuileries.

Le gaz de l’éclairage était emprunté à la conduite de la rue. L’oxygène arrivait tous les jours aux Tuileries, à l’état comprimé, dans des voitures semblables à celles qui servent au transport du gaz portatif.

La condition essentielle pour la permanence et l’égalité de la lumière que l’on obtient en brûlant le gaz de l’éclairage par l’oxygène, c’est que la pression soit toujours parfaitement régulière. Il est facile de régler l’émission du gaz avec les réservoirs dans lesquels l’oxygène est amené de l’usine. Mais le gaz d’éclairage, tel qu’il existe dans les conduites des rues, est soumis à une pression qui varie d’un instant à l’autre. Pour rendre cette pression régulière, on avait eu recours à des flotteurs mis en jeu par un courant d’eau d’une manière très-ingénieuse. L’ensemble de ces dispositions était établi dans une cabane placée en avant de la grille de la cour des Tuileries, près du guichet de l’Échelle.

La cour des Tuileries, dont la longueur est de 500 mètres environ, était éclairée au moyen de cinquante becs, placés sur trois rangées, et qui étaient de portée différente. Des lentilles, à foyer plus ou moins long, et des verres plus ou moins dépolis, disséminaient la lumière dans l’espace.

Deux becs, situés à droite et à gauche du pavillon de l’Horloge, projetaient sur l’arc de triomphe du Carrousel, des rayons parallèles très-intenses, qui faisaient apparaître cet édifice comme en plein jour. Un troisième bec à faisceau parallèle, placé du côté de l’arc de triomphe, éclairait aussi à giorno le cadran de l’horloge. De petits becs laissés nus, çà et là, à côté des becs armés de lentilles et de verres dépolis, excitaient agréablement l’œil, en donnant à l’ensemble de l’éclairage une certaine gaieté.

Dans cette nouvelle expérience les crayons de magnésie pure avaient été remplacés par un mélange de magnésie et de zircone, terre analogue à la magnésie par ses propriétés chimiques. L’addition de cette dernière substance paraît ajouter à l’éclat de la flamme.

Il nous reste à ajouter que les expériences faites en 1869, ayant paru de tout point satisfaisantes, l’Empereur a ordonné l’établissement définitif de ce système dans la cour du palais des Tuileries. Les appareils provisoires ayant servi à l’expérience, ont été enlevés, et remplacés par de nouveaux qui serviront désormais à l’éclairage habituel.

Nous avons décrit plus haut l’appareil qui sert à la préparation du gaz oxygène ; il nous reste à donner l’idée des becs dans lesquels s’effectue la combustion des deux gaz.

Ce bec se compose de trois parties : 1o le tuyau donnant issue au gaz oxygène ; 2o les tuyaux (ordinairement au nombre de trois)