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fois, à Paris, l’expérience de la lumière Drummond, en se servant d’un globule de chaux. En 1858, la même expérience fut répétée au bois de Boulogne. Elle fut reprise à Londres, en 1860. Enfin, en 1865, un physicien anglais, M. Parker, substituant au globule de chaux un globule de magnésie, augmenta l’intensité et la fixité de la lumière.

Déjà en 1849, un chimiste de Paris, M. Émile Rousseau, avait eu l’idée d’alimenter une lampe ordinaire à modérateur avec un courant de gaz oxygène pur. Dans ces conditions, la lumière de la lampe à modérateur devenait cinq à six fois plus intense. La lampe à oxygène de M. Rousseau n’obtint pas de succès, par suite de la cherté du gaz oxygène à cette époque.

C’était, en effet, le haut prix auquel le gaz oxygène revenait dans l’industrie, qui constituait le principal obstacle à la généralisation de l’éclairage par le gaz oxy-hydrique. La préparation de ce gaz était du domaine exclusif des laboratoires de chimie ; elle ne s’effectuait qu’au moyen de la décomposition par le feu du bioxyde de manganèse. Dès lors son prix de revient considérable, arrêtait toute application industrielle. Il fallait trouver un procédé économique de préparation de l’oxygène, pour l’introduire dans l’industrie.

Un chimiste français, M. Boussingault, fit faire à cette question un pas immense, par la découverte d’un procédé économique de préparation du gaz oxygène. Ce procédé consiste à décomposer par la chaleur, le bioxyde de baryum, qui abandonne la moitié de son oxygène à une haute température ; puis à réoxyder ce bioxyde de baryum au moyen d’un courant d’air, à une plus basse température. Le bioxyde de baryum, ainsi régénéré, abandonne de nouveau son oxygène, quand on le chauffe à une température convenable ; si bien que ces désoxydations et réoxydations consécutives, donnent un excellent moyen de produire de l’oxygène pur avec économie.

Le procédé de M. Boussingault pour la préparation économique de l’oxygène, a fait époque dans l’histoire de la chimie appliquée à l’industrie. On l’a pendant vingt ans répété avec succès, dans tous les cours publics de chimie.

Fig. 134. — Boussingault.

Cependant l’emploi du bioxyde de baryum présentait certaines difficultés dans la pratique. Un composé particulier, le manganate de soude, placé dans les mêmes conditions, est venu fournir un moyen éminemment économique d’extraire l’oxygène de l’air. C’est à un chimiste français, M. Tessié du Motay, qu’appartient la découverte de cette importante modification du procédé de M. Boussingault.

M. Tessié du Motay a reconnu que si l’on place dans une cornue de fonte, du manganate de soude, qu’on le porte à la température d’environ 450°, et qu’on fasse, en même temps, traverser la cornue de fonte par un courant de vapeur d’eau, l’acide manganique se décompose, en abandonnant une partie de