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les fêtes publiques ou dans les spectacles, des effets merveilleux de l’éclairage électrique, et qui n’ait admiré la prodigieuse puissance de cette source lumineuse, qui rappelle, par son étonnante intensité, l’éclat même du soleil. Mais comment l’électricité, qui produit tant d’importants effets, peut-elle aussi donner ce résultat extraordinaire ? C’est ce que nous allons essayer de faire connaître.

Si l’on attache deux fils métalliques aux deux pôles d’une pile voltaïque en activité, et que, sans établir entre eux le contact, on maintienne l’extrémité de ces fils à une certaine distance, suffisante pour permettre la décharge électrique, c’est-à-dire la recomposition des deux électricités contraires qui parcourent les conducteurs, il se manifeste une étincelle, ou plutôt une incandescence entre les deux extrémités de ces conducteurs. Cet effet lumineux provient de la neutralisation des deux électricités contraires, dont la recomposition développe assez de chaleur pour qu’il en résulte une apparition de lumière. Avec une pile composée d’un petit nombre d’éléments, et qui ne fournit qu’un courant voltaïque d’une faible intensité, l’étincelle électrique, qui part entre les conducteurs, est d’un très-faible éclat. Mais si l’on réunit, pour cette expérience, un nombre très-considérable d’éléments voltaïques, on obtient un arc étincelant de lumière.

Le célèbre chimiste anglais Humphry Davy est le premier auteur de cette expérience admirable. Lorsque la munificence de ses concitoyens eut fait construire, pour servir à ses recherches, la grande pile de la Société royale de Londres, Humphry Davy observa que si l’on termine les conducteurs de la pile par des morceaux de charbon taillés en pointe, la lumière électrique prend une intensité prodigieuse. Pour exécuter cette expérience, Davy renfermait les deux pôles de la pile, terminés par deux pointes de charbon, dans un vase de verre de forme ovale, hermétiquement clos, et dans lequel on faisait le vide à l’aide de la machine pneumatique. Comme on le voit sur la figure 125, les deux conducteurs de la pile voltaïque pénétraient à l’intérieur du globe verre, par deux ouvertures mastiquées avec un enduit résineux et enveloppées d’un manchon de cuivre. Les deux charbons étaient attachés à la partie renflée, PP, qui termine, de part et d’autre, chaque fil conducteur du courant, et représente chaque pôle de la pile.

Fig. 125. — Lumière produite dans le vide par l’arc de la pile voltaïque (expérience de Davy).

Il était nécessaire, dans cette expérience, d’opérer dans le vide, parce que quand on l’exécutait à l’air libre, les deux pointes de charbon ne tardaient pas à brûler par l’élévation extrême de la température, ce qui arrêtait la production du phénomène. Grâce à la