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ainsi que le sel gemme qu’on y trouve en quelques points, appartiennent également au terrain tertiaire. D’après l’étude récente qu’en a faite M. Coquand, ces deux substances paraissent y occuper deux niveaux distincts. L’un, à la partie supérieure de l’étage dit éocène, contemporain à la fois des gypses de Montmartre, du sel, du gypse et du soufre de la Sicile, des sels gemmes des hauts plateaux de l’Algérie (Outaia, Milah, etc.), est représenté, en Moldavie, par le sel gemme exploité à Okna, d’où proviennent les belles masses exposées, ainsi que par les exploitations de pétrole de Moniezti et de Teskani. L’autre, appartenant à un niveau plus élevé, au terrain tertiaire moyen ou miocène, correspond au gypse et au sel gemme de Volterra, en Toscane, et de la province de Saragosse. Ce niveau supérieur est principalement représenté en Valachie, et renferme également des lignites et du succin, dont on voit aussi de nombreux échantillons à l’Exposition.

« Ainsi, les gîtes bitumineux des Provinces Danubiennes, de même que ceux de la Galicie, qui comptent parmi les principaux de l’Europe, bordent la chaîne des Karpathes.

« On remarque que, sur 100 puits forés pour recueillir le pétrole, la moitié à peine rencontrent cette substance ; ce qui montre que les zones oléifères sont très étroites et séparées par des terrains stériles. Les puits ne sont distants les uns des autres que d’un intervalle de 20 mètres, et seraient plus rapprochés encore, si les règlements l’autorisaient. Il est indispensable d’en agir ainsi pour drainer tout le pétrole ; car les argiles qui le renferment ne lui permettent pas de se mouvoir facilement. En général, on considère comme excellent un puits qui donne 500 litres par jour, pendant la première année. Au-dessous de 350 litres, il est considéré comme médiocre. On voit combien ces puits sont loin de ceux des États-Unis.

« On ne connaît aucun exemple d’huile jaillissant des puits, comme aux États-Unis. Dans les Karpathes, elle suinte tranquillement des parois. La pauvreté en pétrole des terrains de la Moldavie et de la Valachie, ne permet pas d’exploiter au moyen de la sonde ; on pratique un puits circulaire d’un mètre de diamètre. Quand le pic a entamé les couches pétrolifères, le dégagement du gaz hydrogène carboné est quelquefois assez abondant pour causer l’asphyxie de l’ouvrier qui travaille au fond du puits.

« Empire russe. — La région qui entoure le Caucase est encore plus privilégiée par l’abondance du pétrole, et paraît constituer la principale zone pétrolifère de l’Europe.

« La Russie envoie une collection des environs de Bakou et de la presqu’île d’Apschéron, localité plus remarquable encore par l’abondance du pétrole que par les feux éternels ou sacrés, qui l’ont depuis longtemps rendue célèbre,

« Le pétrole est renfermé dans les terrains tertiaires, qui bordent l’extrémité orientale du Caucase et forment le littoral occidental de la mer Caspienne, aux environs de Bakou et dans la presqu’île d’Apschéron.

« On l’exploite au moyen de puits, dans lesquels il continue à suinter depuis des temps reculés. Le plus abondant des 85 puits actuellement en exploitation, fournit par jour plus de 2 000 litres, et cela, depuis un temps très-long, sans qu’on remarque de diminution notable dans le rendement. Il importe de l’extraire chaque jour ; car, si on laisse quelques jours seulement le puits abandonné à lui-même, le niveau y reste stationnaire.

« En outre, on trouve, à la surface même du sol, un revêtement formé de bitume à peu près solide ou ozokérite, que l’on exploite également, particulièrement pour la fabrication de la paraffine. Ces dépôts superficiels, qui ont la forme de coulées, partent de certains orifices et s’étendent sur plusieurs centaines de mètres, avec des épaisseurs de 2 à 3 mètres ; ils paraissent provenir de l’oxydation et de la transformation du pétrole qui s’est épanché anciennement.

« Le bitume est également exploité, mais en moindre quantité, tant au nord qu’au sud et à l’ouest de Bakou, jusqu’à des distances de 130 et 150 kilomètres de ce centre principal.

« Les nombreuses sources thermales qui jaillissent dans la même région prouvent, en même temps que d’autres phénomènes, que l’activité volcanique n’y est pas éteinte.

« La production annuelle de cette région, comprenant les districts d’Apschéron, de Lenkoran et de Derbent, peut être évaluée à :

kilogrammes.
Naphte blanc 
 32 000
Naphte noir 
 8 636 000
────────
                              Total 
 8 668 000

« La moitié environ de cette production est employée dans le voisinage ou expédiée sur Astrakan ; l’autre moitié est dirigée sur la Perse.

« Une compagnie a fondé, en 1857, une fabrique de photogène, à 14 kilomètres de Bakou, et, en 1860, une autre compagnie a établi, à la pointe de la presqu’île d’Apschéron, dans l’île de Swjetoy, une fabrique de paraffine où l’on traite surtout l’ozokérite.

« On connaît depuis longtemps les volcans boueux, et les dégagements de gaz hydrogène carboné, accompagnés d’une certaine quantité de pétrole, qui sont situés à l’extrémité occidentale de la chaîne du Caucase, des deux côtés du Bosphore cimmérien, d’une part en Crimée, dans la presqu’île de Kertch, d’autre part dans la presqu’île de Taman. Ils forment la contre-partie, en quelque sorte symétrique, des abondants gisements de pétrole qui se trouvent à l’extrémité orientale de cette grande fracture, et à environ 1 000 kilomètres de distance.

« Dans la presqu’île de Kertch, où les Tatars re-