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les naphtes et autres résidus, servent au chauffage. Il arrive beaucoup d’accidents avec les huiles de pétrole, mais cela paraît tenir uniquement aux sophistications dont l’huile épurée est l’objet de la part des spéculateurs, qui la mélangent d’essences légères.

La vallée de l’Oil-Creek, qui a été le principal centre de production du pétrole, n’est pas le seul point du bassin de l’Alleghany qui soit exceptionnellement riche en pétrole. Dans un petit territoire voisin, nommé Wood’s farm, on a commencé, en avril 1868, à percer trente nouveaux puits, de 250 mètres de profondeur. Enfin, l’attention a été éveillée aussi, par quelques sondages heureux, sur le territoire d’Oil-City, située au confluent de l’Oil-Creek sur la rivière Alleghany.

Ces faits confirment l’opinion que la grande région de pétrole de l’Amérique du Nord n’est pas précisément la vallée qu’arrose l’Oil-Creek, mais une zone qui englobe la moitié inférieure de ce cours d’eau et les ruisseaux qui l’alimentent, et qui remonte ensuite vers le nord-nord-est, dans la direction même de la grande fracture du fleuve Saint-Laurent.

Nous ajouterons que les gisements pétrolifères ne se bornent pas aux régions de l’Amérique du Nord, dont nous venons de parler. Il existe aux Antilles, dans l’île de la Trinité, une source abondante de bitume, anciennement connue, et qui continue à envoyer ses produits en Europe. Enfin, dans la république de l’Équateur, aux environs de Guayaquil, on a découvert récemment des gîtes de pétrole qui commencent à fixer l’attention.

Passons maintenant rapidement en revue les principaux gisements d’huile minérale pétrolifère dans l’ancien continent, en commençant par l’Europe.

Il ne faut pas chercher en Europe des sources jaillissantes de pétrole, comme elles existent en Amérique. Un calcaire bitumineux, connu sous le nom de calcaire asphaltique, qui consiste en carbonate de chaux imprégné de substances bitumineuses, telle est la substance minérale qui fournit les bitumes. Dans des cas plus rares, on trouve le bitume à l’état liquide, à certaines profondeurs dans le sol, et il porte alors le nom de pétrole ; mais jamais, en Europe, il ne sort de terre à l’état de source jaillissante, comme en Amérique.

Le calcaire asphaltique qui est exploité à Seyssel, dans le département de l’Ain, et qui appartient à l’étage néocomien du terrain crétacé, est un calcaire fortement imprégné de pétrole, c’est-à-dire contenant 12 pour 100 de ce liquide. Mais on n’en extrait pas le bitume liquide, ou pétrole. On emploie cette roche, après lui avoir fait subir quelques préparations fort simples, pour le pavage et le dallage dans les grandes villes. Elle porte le nom d’asphalte ou de bitume, et son usage pour le pavage des trottoirs des rues, est devenu universel.

L’asphalte de Val-Travers, village suisse près de Neufchâtel, est le plus renommé après celui de Seyssel. La mine de Val-Travers, plus puissante, mais moins étendue que celle de Seyssel, s’élève sous la forme d’un mamelon, sur la rive droite de la Reuss, au-dessus du vallon célèbre par le séjour qu’y fit Jean-Jacques Rousseau.

C’est cette mine qui, découverte pour la première fois en 1700, par un médecin d’origine grecque, résidant en Suisse, nommé d’Eyrinis, donna l’éveil sur la richesse des gisements que possèdent la Suisse et la Savoie. Les mêmes gisements qui sont exploités au val Travers, se prolongent, en effet, dans les départements de la Savoie et de la Haute-Savoie. À 10 kilomètres d’Annecy (Haute-Savoie) est le gisement de Chavaroche, coupé en deux par le torrent le Fier.

Dans le département du Bas-Rhin, à Lobsann, non loin de Soultz-sous-Forêts, on ex-