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sion de 5 atmosphères et demie. Avec le pétrole, la machine du Puebla développa une force de 65 chevaux, en tournant 240 fois par minute.

Cet essai n’était d’ailleurs que la suite et l’application de beaucoup de tentatives antérieures. On avait réuni dans une synthèse pratique intelligente, les diverses études faites jusqu’à ce jour, en divers pays, pour l’emploi de l’huile minérale comme combustible. Il y a sept ou huit ans que des essais de ce genre se poursuivent en Amérique, en Angleterre et en France. Aux États-Unis, ils ont porté non-seulement sur des bateaux à vapeur, mais sur des locomotives et des chaudières de machines fixes d’usines.

Ce serait une très-longue tâche d’énumérer tous les essais que l’on a faits en Amérique et en Angleterre, pour appliquer les huiles minérales au chauffage des machines à vapeur. Les premières tentatives faites en Angleterre, eurent lieu à l’arsenal de Woolwich, et dans une usine particulière de Londres. Le procédé, par trop élémentaire, dont on fit usage, n’était pas sans danger : le pétrole brûlait simplement à la surface d’un vase poreux, d’où le feu pouvait se communiquer au réservoir.

Les travaux faits en Amérique pour l’emploi du pétrole comme agent de chauffage des chaudières à vapeur, ont été plus nombreux et plus concluants. Aux États-Unis, plusieurs machines fixes ont déjà remplacé la houille par le pétrole. En 1866, des pompes à incendie, dont la machine à vapeur était actionnée par une chaudière chauffée au pétrole, firent leurs preuves à Boston, d’une manière si brillante, que les autorités municipales autorisèrent aussitôt l’installation de plusieurs appareils semblables.

Nous ne surprendrons personne en disant que sur les lieux mêmes où on retire le pétrole, c’est-à-dire dans les districts du nord de l’Amérique, presque toutes les usines ont remplacé la houille par l’huile minérale, recueillie sur place et à bas prix. Sur une locomotive de chemin de fer de Warren à Franklin, chemin qui traverse une partie de la contrée pétrolifère de Venango, on remplace le charbon par le pétrole. L’huile minérale, chauffée dans des tubes, vient brûler à l’extrémité du bec terminant ce tube. La flamme sert ainsi tout à la fois à distiller le pétrole et à chauffer la chaudière. Mais on comprend tous les dangers d’une pareille disposition.

Pendant l’automne de 1867, des appareils beaucoup mieux entendus furent adaptés à bord d’un navire de guerre, le Palos, dans le port de Boston. M. Foucou dans un article de la Revue des Deux Mondes[1], a donné en ces termes la description de l’appareil du Palos :

« L’appareil de distillation du pétrole avait été placé à une distance du foyer assez considérable pour qu’on n’eût à redouter aucune explosion. Dans ce foyer s’opérait l’inflammation des gaz. L’eau liquide ou vaporisée avait été bannie avec raison. Une puissante pompe à air insufflait d’une manière continue le gaz combustible d’une part, l’air comburant de l’autre. Tout le système était de l’invention du colonel Foote. D’après les consommations de houille et de pétrole comparées pendant un certain nombre de voyages accomplis autour de la rade de Boston, la commission officielle constata une économie très-notable en faveur du pétrole. Depuis les expériences du Palos, le port de Boston a vu les essais d’un bateau à vapeur du commerce, le Island City, chauffé au pétrole par des moyens peu différents. Dans ces essais, l’on a également atteint des chiffres de vaporisation extrêmement élevés. »

En France, c’est seulement à l’occasion de l’Exposition universelle de 1867, que l’on s’est occupé du chauffage au moyen du pétrole. M. Sainte-Claire Deville fut, à cette époque, chargé par l’Empereur d’établir les appareils nécessaires pour l’étude de cette question, et l’on voyait dans le laboratoire de chimie de l’Exposition du Champ-de-Mars, et plus tard à l’École normale, un appareil pour cette application industrielle.

  1. 1er juin 1868.