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fonctions de capitaine du génie, Meunier avait construit un petit alambic pour distiller. Dans son installation improvisée, il était dépourvu des ustensiles et des appareils qui constituent un laboratoire de physique ; mais son esprit ingénieux savait parer à tout. N’ayant pu se procurer de fourneau pour son alambic, il imagina de s’en passer, et il fit usage, pour le remplacer, de lampes alimentées par de l’huile, qu’il plaçait sous la chaudière.

Cependant les lampes, employées comme moyen de chauffage, avaient des inconvénients, qu’il est facile de pressentir. Le peu de chaleur qui accompagne la combustion de l’huile, faisait de la chaudière un vrai réfrigérant, contre lequel la suie venait se condenser en abondance. La couche épaisse, qui se formait ainsi, obligeait de prendre continuellement le soin de l’enlever. Meunier essaya donc de construire une lampe exempte de suie et qui pût chauffer avec intensité.

Il savait, par les expériences de Lavoisier, que la suie des lampes, comme celle des cheminées, pouvait disparaître, brûlée par l’action de l’air. — Considérant en outre, ainsi qu’il nous le dit : « que la cheminée qui fait toujours partie des fourneaux, et que les premiers inventeurs ne regardèrent sans doute que comme une issue nécessaire aux vapeurs et à la fumée, a surtout pour objet d’augmenter considérablement la rapidité du courant d’air ascensionnel, en donnant une grande largeur à cette colonne d’air chaud et léger qui tend d’autant plus à monter que la pesanteur est moindre par rapport à une colonne égale d’air froid ; » — remarquant enfin, que Lavoisier, alimentant une flamme avec un courant d’oxygène, avait réussi à mettre en fusion les substances les plus réfractaires, Meunier construisit sa lampe d’après les dispositions suivantes, fondées sur les principes que nous venons de rappeler.

Plusieurs mèches baignaient dans un réservoir commun d’huile. Ces mèches étaient plates et en forme de ruban, pour présenter plus de surface à l’air. La lampe était surmontée d’un tuyau métallique, et, à sa partie inférieure, elle était munie d’un tuyau semblable. Le tout étant placé sous la chaudière, le tirage provoqué par la cheminée de tôle, faisait continuellement arriver dans l’intérieur de la lampe, un courant d’air, qui alimentait les flammes avec activité.

L’opérateur obtint ainsi une flamme d’une température fort élevée. Mais il ne tarda pas à reconnaître qu’un courant d’air trop rapide refroidirait la chaudière. Pour faire varier et pour régler le courant d’air, Meunier établit donc, au sommet de la cheminée, une sorte de robinet, qu’il ouvrait plus ou moins, de manière à graduer à volonté la quantité d’air introduite. Il n’avait d’abord fait usage de ce robinet que comme moyen de recherche, pour mesurer la quantité d’air nécessaire à la combustion, et connaître les dimensions qu’il fallait donner à l’orifice supérieur du fourneau. Mais il reconnut bientôt qu’il fallait conserver ce robinet, parce que le courant d’air variait selon la longueur de la mèche et la température extérieure.

Cependant, dans un appareil ainsi construit, l’air qui s’échauffait par son contact avec la flamme, s’en éloignait aussitôt, étant devenu plus léger. Ainsi, tout l’oxygène apporté par le courant d’air ne servait pas à la combustion, et il fallait mettre en mouvement plus d’air qu’il n’était nécessaire pour l’entretien des lampes, ce qui avait pour résultat de refroidir l’appareil.

C’est comme conséquence des remarques précédentes, que Meunier fut conduit à remplacer l’appareil compliqué que nous venons de décrire, par un système plus simple, et qui consistait à entourer toutes les mèches de la lampe d’autant de tuyaux de cuivre, qui allaient se terminer à quelques lignes au-dessous du fond de la chaudière. L’air, emprisonné par ce moyen dans ces petites che-