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des fissures peuvent n’être remplies que de l’un quelconque de ces trois fluides.

Le plus souvent un grand nombre de ces fissures communiquent entre elles, à l’aide d’une nappe inférieure d’eau, qui leur est commune. Comment expliquer, sans cela, que certaines sources paraissent inépuisables ? Comment expliquer que l’écoulement par un puits vient subitement à cesser ou à s’amoindrir, quand on fore dans son voisinage un puits nouveau ? Comment comprendre enfin les sources jaillissantes, s’il n’existait au-dessus de la nappe d’huile, un gaz, comme l’hydrogène carboné, qui, pressant la surface du liquide, en fait jaillir le pétrole par le trou de forage, ainsi que l’eau de Seltz jaillit du siphon par la compression de l’acide carbonique qu’il renferme ? La hauteur du jet est souvent de plusieurs mètres.

Supposons le cas où une fissure ne serait pleine que de gaz. Si ce gaz, comme c’est le cas ordinaire, est enfermé sous une certaine pression, il s’écoulera dès que le forage lui permettra de s’échapper ; puis, les gaz contenus dans les fissures solidaires se détendant, il passera sur la nappe d’huile, et fera remonter celle-ci jusque dans le puits d’extraction. C’est pour cela qu’on considère comme de bon augure la sortie du gaz par le trou du forage.

Le cas le plus défavorable est celui dans lequel le sondage rencontre la couche d’eau (au point, D, de la figure 109). Quelquefois, pourtant, on arrive à l’huile après avoir vu jaillir une certaine quantité d’eau.

Les sources jaillissantes de pétrole se manifestent le plus souvent à raison de la pression d’un réservoir de gaz ; mais, à moins de circonstances extraordinaires, il est difficile d’espérer que cet écoulement sera de longue durée. Dans un pays où la croûte de terrain est percée en un grand nombre de lieux, comme à l’Oil-Creek, on ne peut comprendre la continuité des jets d’huile, qu’à la condition que le point d’émergence, à la surface du sol, soit moins élevé que le réservoir général d’huile qui alimente toutes ces sources. Mais dans les cas ordinaires le jet liquide devra nécessairement s’arrêter au bout d’un certain temps.


CHAPITRE XXVIII

procédés pour l’extraction du pétrole. — le sondage à la corde et le sondage au derrick.

Dans les premiers temps de l’exploitation des sources de pétrole, on se servit, pour creuser les puits, dans la vallée de l’Oil-Creek, comme ailleurs, du procédé, très-simple, du sondage à la corde.

La disposition de cet appareil de sondage, est représentée par la figure 110. La corde AB porte une tige de fer, terminée par un trépan, pour battre le roc ou désagréger le terrain. L’extrémité supérieure de cette corde est attachée à une pièce de bois BD, qui est portée par la poutre EF, et qui est mobile autour du pivot E. L’une des extrémités de la poutre BD est chargée d’un poids C, qui tend à relever la corde et le trépan. À l’autre extrémité de la même poutre est suspendu, au moyen d’une corde, un étrier G, dans lequel l’ouvrier place le pied. Agissant tout à la fois par le poids du corps et l’impulsion de la jambe, il pèse sur la poutre BD et enfonce dans la terre l’outil perforant.

Les longueurs des deux bras de la poutre horizontale BD, sont variables. L’ouvrier la place au point le plus convenable sur la poutre verticale, EF, pour que le levier ait le plus de puissance possible. Une corde, L, reliée au poteau H, limite l’étendue des mouvements dans les deux sens.

À chaque coup, la grande corde AB se détend plus ou moins brusquement, selon que le fer de l’outil frappe net sur la roche, ou selon que les matières désagrégées encombrent le fond du puits. On reconnaît à ces si-