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« Celles destinées pour cinq becs de lumière auront deux pieds trois pouces de hauteur, y compris leur chapiteau ; vingt pouces de diamètre par le haut, et dix pouces par le bas.

« Celles pour trois et quatre becs de lumière auront deux pieds de hauteur, y compris le chapiteau, dix-huit pouces de diamètre par le haut, et neuf pouces par le bas.

« Celles pour deux becs de lumière auront vingt-deux pouces de hauteur, toujours compris le chapiteau, seize pouces de diamètre par le haut et huit pouces par le bas.

« Toutes ces lanternes auront chacune trois lampes de différentes grandeurs, à proportion du temps qu’elles devront éclairer.

« Chaque bec de lampe aura un réverbère de cuivre argenté mat, de six feuilles d’argent, et chaque lanterne avec un grand réverbère placé horizontalement au-dessus des lumières, lequel entreprendra toute la grandeur de la lanterne, pour dissiper les ombres ; ce réverbère sera également de cuivre argenté mat, de six feuilles d’argent ; tous les réverbères auront un tiers de ligne d’épaisseur. »

Fig. 7. — Le premier réverbère.

La figure 7 représente la lanterne, munie de sa lampe et de son réflecteur, qui fut adoptée à la fin du siècle dernier, pour l’éclairage des rues en France, et qui a été conservée sans aucune modification jusqu’à nos jours.

L’entreprise de l’illumination de Paris n’était pas la seule dont fût chargé Tourtille-Segrain. Il fournissait à l’éclairage de plusieurs villes du royaume, et ses marchés lui procuraient des bénéfices assez considérables. Le bail de vingt ans, qui lui avait été concédé à Paris par M. de Sartine, fut, quelques années après, prolongé du double.

Après l’innovation provoquée par M. de Sartine, c’est-à-dire les réverbères, ou lampes munies de réflecteurs métalliques, les successeurs de ce lieutenant de police ne parurent rien trouver à y ajouter. On ne peut citer, en effet, comme extension de l’éclairage public à cette époque, que la futilité administrative consistant à placer une lanterne à la fenêtre des commissaires de police de chaque quartier. C’est ce qui amena cette épigramme :

Le commissaire Baliverne
Aux dépens de qui chacun rit,
N’a de brillant que sa lanterne,
Et de terne que son esprit.


CHAPITRE II

découverte de la lampe à double courant d’air par argand. — vie et travaux de ce physicien. — recherches faites antérieurement par le capitaine du génie meunier sur la lampe à courant d’air.

Nous voici parvenus à l’époque où va s’accomplir, dans les procédés d’éclairage public et privé, une transformation fondamentale.

En 1783, Lenoir, qui avait succédé à Sartine, comme lieutenant de police, reçut la visite de deux hommes qui occupaient un rang distingué parmi les savants de la capitale : Le Sage, de l’Académie des sciences, et Cadet de Vaux. Les deux savants lui demandèrent l’autorisation de lui présenter un physicien étranger, qui venait de découvrir un système tout nouveau pour la construction des lampes, système dont l’application à l’éclairage public semblait devoir offrir des avantages immenses. Lenoir accéda avec empressement à ce désir. Dans une réunion qui fut tenue chez lui, on fit l’essai des nouvelles lampes, qui étonnèrent beaucoup les assistants, et par l’intensité de la lumière, et par l’absence complète de fumée pendant la combustion.