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que ces créations nouvelles ont produit des effets en tout contraires à ceux que l’on redoutait. L’éclairage par le gaz n’a pas apporté d’exception à ce fait général. Au lieu de faire disparaître les anciens systèmes d’éclairage, il a imprimé à chacun d’eux une impulsion nouvelle, et provoqué dans leur outillage des perfectionnements auxquels on était loin de s’attendre. Une fois accoutumé à l’éclat de la lumière du gaz, on a voulu la retrouver partout. Chacun a compris les avantages d’une lumière pure, égale et brillante ; et le désir généralement exprimé de voir perfectionner l’éclairage au moyen du suif et de l’huile, a conduit à une découverte nouvelle : nous voulons parler de l’éclairage par les hydrocarbures liquides.

La théorie avait depuis longtemps fait connaître la possibilité de remplacer l’huile végétale, ou le gaz, par des liquides naturels, formés, comme ce dernier produit, de carbone et d’hydrogène, et pouvant donner un éclairage plus économique, en raison de leur prix peu élevé. L’essence de térébenthine, — les huiles de naphte et de pétrole, — l’huile essentielle que l’on obtient en soumettant à la distillation divers schistes bitumineux que l’on trouve dans quelques terrains, et que l’on désigne sous le nom d’huile de schiste, — l’huile volatile que l’on retire des résines soumises à la distillation, etc., constituent autant de produits que la nature nous fournit avec une certaine abondance, et qu’il est permis de consacrer, avec de grands avantages, à l’éclairage. Seulement, ces liquides, très-volatils, beaucoup plus combustibles que l’huile végétale, et ne renfermant que peu ou point d’oxygène, ne pouvaient être brûlés dans les lampes ordinaires qui servent à la combustion de l’huile. Il fallait imaginer des dispositions particulières pour les appliquer à l’éclairage.

Cette dernière difficulté a été facilement résolue. Les lampes pour la combustion des hydrocarbures ne laissent rien à désirer.

Fig. 103. — Lampe pour l’éclairage au gazogène.

La figure 103 représente la lampe employée pour l’éclairage au gazogène. C’est le bec le plus simple de tous. Une mèche de coton, en fils qui ne sont ni tressés ni tordus, et qui est maintenue dans un tube de cuivre, plonge dans le liquide, et fait élever ce liquide par capillarité jusqu’à une certaine hauteur. De là la vapeur de ce même liquide vient s’enflammer à l’orifice.

Quelquefois on se sert, pour activer l’allumage, d’un moyen assez curieux, que la physique nous explique. On prend un anneau de cuivre, que l’on a chauffé lui-même par un moyen quelconque, par exemple en faisant brûler à sa surface un peu d’huile de schiste, et l’on applique cet anneau autour de la partie supérieure du bec. La chaleur se propage jusqu’au fond du tuyau, par la con-