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tons ici, l’ouvrier se sert d’une clef (fig. 95) portée à l’extrémité d’une perche, et qu’il introduit, pour ouvrir le robinet, dans la bascule que représente la lettre A dans la figure 93.

À Berlin, les trappes des lanternes à gaz se ferment au moyen d’un crochet, lequel est mobile autour d’une charnière et appesanti par une boule. L’allumeur repousse le crochet avec sa lanterne, et la porte n’étant plus maintenue par le crochet, s’ouvre vers le bas. Quand il a allumé le gaz, il relève la porte ; aussitôt le crochet la saisit et la maintient en place.

Autrefois l’allumeur montait à l’échelle, pour enflammer le gaz avec une lampe à main. Cet usage, peu commode sans doute, avait pourtant son utilité. L’allumeur était forcé d’approcher de la lanterne deux fois par jour, ce qui lui faisait découvrir les fuites qui pouvaient exister dans les robinets. Aujourd’hui l’allumeur ne peut atteindre à la lanterne qu’avec sa perche. La lanterne n’est donc visitée qu’au moment de la nettoyer, ce qui est une mauvaise condition.

Les allumeurs ont besoin, pour l’entretien des lanternes, d’une pince à bec, d’un flacon d’alcool, d’ustensiles de nettoyage, d’un ressort de montre pour nettoyer les becs à fente, et d’une épingle pour les becs à trous. Le flacon d’alcool sert à dissoudre la naphtaline qui s’attache quelquefois au bec. Il suffit, en effet, de quelques cristaux de naphtaline pour obstruer l’ouverture du bec. L’engorgement des lanternes n’est le plus souvent dû, selon M. Schilling, qu’à la naphtaline ; c’est cette substance qui produit presque toujours en hiver ce qu’on nomme improprement la congélation des becs.

Comme la consommation des flammes publiques n’est pas accusée par des compteurs, on les règle d’après un gabarit dont on a déterminé les dimensions au photomètre. On donne à chaque allumeur un de ces gabarits en tôle.

Passons aux appareils d’éclairage à gaz en usage dans l’intérieur des habitations.

Les appareils d’éclairage pour les appartements, sont fixés contre les murs, ou suspendus au plafond, par le conduit même du gaz. Par une ordonnance de police, parfaitement sage, ces conduits doivent être partout apparents à l’extérieur. Un tuyau qui s’engagerait dans une cavité inaccessible, serait une cause de dangers, car il serait impossible de reconnaître le lieu d’une fuite. Il faut donc que partout, même par-dessus les plus beaux plafonds des salons, les tuyaux de conduite demeurent accessibles à la vue. Quelquefois pourtant, les appareils d’éclairage privé jouissent d’une certaine mobilité. Un tube de caoutchouc, plus ou moins long, étant adapté au tuyau de conduite, à l’intérieur de l’appartement, permet de déplacer d’une certaine quantité la lampe à gaz.

Il y a donc trois espèces d’appareils : les lampes de murs, ou bras, les lampes suspendues (lustres, lyres, candélabres), et les lampes mobiles.

Un bras se compose d’un tuyau, plus ou moins orné, muni d’un robinet. Il est vissé d’un côté sur la muraille, et reçoit, à l’autre extrémité, le bec de gaz.

Quelquefois le tuyau d’un bras de gaz est muni d’une genouillère, pour que l’on puisse changer la direction de la lumière, éloigner ou rapprocher le bec. C’est ainsi que sont disposés les bras des ateliers, des cuisines, des bureaux, etc.

Les lampes suspendues se composent d’un tuyau descendant du plafond, et qui se termine par un bras, simple ou double, portant le bec.

Les lampes mobiles sont pourvues d’un tube de caoutchouc. Il faut que le caoutchouc soit vulcanisé. Malheureusement le caoutchouc, même vulcanisé, n’est pas toujours parfaitement imperméable au gaz, et des fuites peuvent se produire quand les tubes sont fatigués par l’usage.