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Fig. 5. — Les bourgeois de Paris contemplant « les premiers réverbères à chandelle ».

Cette économie de bouts de chandelle s’opérait quelquefois par un moyen assez curieux, qui avait quelque chose de scientifique et qui mérite d’être signalée à ce titre. Quand les bourgeois allumeurs, préférant leur profit particulier à l’utilité publique, voulaient faire provision de bouts de chandelle, tout en s’évitant la peine de se lever la nuit, pour aller souffler les lanternes, voici le moyen dont ils faisaient usage. Avec un poinçon chaud, ils perçaient de part en part la chandelle, à l’endroit où ils voulaient la faire éteindre ; ils bouchaient un côté du trou avec du suif, introduisaient quelques gouttes d’eau dans la cavité, qu’ils fermaient ensuite pareillement ; de telle sorte que la goutte d’eau se trouvait, sans qu’il y parût, contenue dans la chandelle. Lorsque la lumière était parvenue au point où la goutte d’eau se trouvait placée, elle ne manquait pas de s’éteindre. Le lendemain, à son lever, le bourgeois faisait sa récolte de bouts de chandelle.

Nous devons la révélation de cette fraude ingénieuse à la sagacité du sieur Moitrel d’Élément, qui nous la dénonce dans sa brochure publiée en 1725, sous ce titre : Nou-