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son bord inférieur soit distant d’environ un décimètre du fond de la caisse de fonte PPP′P′. Le gaz, arrivant par le tuyau A, se répand dans la boîte BB, puis, surmontant la pression du liquide, il traverse le lait de chaux CC, et se répand dans la partie supérieure, DD, de la caisse. Pendant qu’il traverse le lait de chaux, le gaz rencontre un diaphragme percé de trous, dd, et se divise ainsi en petites bulles, ce qui rend son contact aussi complet que possible avec la matière épurante. Quand il a atteint la partie supérieure de la caisse DD, le gaz s’échappe par le tuyau E, et se rend au gazomètre. Un agitateur TT, mû au sein du liquide, par la manivelle M et la tige aa, entretient ce liquide en mouvement et multiplie les contacts du gaz et de la matière alcaline. Après chaque opération, on renouvelait l’eau de chaux en vidant la caisse par le robinet R et la remplissant de nouveau de la liqueur alcaline au moyen de l’entonnoir G.

Tel est le premier dépurateur dont Samuel Clegg fit usage, mais nous devons dire que les embarras que présente dans les usines le maniement des liquides, rendaient cet appareil d’un emploi très-difficile dans la pratique.

Jusqu’à l’année 1808 les procédés pour l’épuration du gaz extrait de la houille, furent donc très-infidèles. Le gaz préparé à Londres par Murdoch, ne l’emportait guère sur celui que Philippe Lebon avait préparé à Paris, dix ans auparavant, au moyen du bois. Il était même nécessairement plus chargé de produits étrangers que le gaz du bois, car tout le monde sait combien sont multiples les produits de la distillation de la houille. Ce gaz, mal épuré, renfermait tous les produits qui se mêlent, pendant la distillation de la houille, à l’hydrogène bicarboné, et lui communiquent des propriétés nuisibles. Ce genre d’éclairage, dans les conditions où il se trouvait à cette époque, ne pouvait être toléré que dans une manufacture. De là à l’emploi général du gaz dans l’éclairage public et privé, il y avait un pas immense à franchir. Ce but important ne devait être atteint qu’après bien des années et par une suite de persévérants travaux.

Un Allemand, nommé F.-A. Winsor, avait traduit en allemand et en anglais, le mémoire de Philippe Lebon sur le thermolampe, et il parcourait différentes villes de l’Allemagne, montrant à prix d’argent, et comme une expérience digne d’attirer la curiosité de la foule, la distillation du bois et la production du gaz inflammable. En 1802, Winsor publia à Brunswick, une nouvelle édition de la traduction de l’ouvrage sur le thermolampe, et il la dédia au duc régnant, qui avait été témoin, avec toute sa cour, de ses expériences sur l’éclairage au moyen de la distillation des bois de chêne et de sapin.

Winsor continua à donner ses représentations publiques dans les villes de Brème, Hambourg et Altona ; enfin il se rendit à Londres, et exécuta les mêmes expériences en public sur le théâtre du Lycée. Les succès obtenus par Murdoch avec le gaz retiré de la houille, attirèrent toute l’attention de Winsor. Admis auprès de l’ingénieur anglais, il obtint de prendre part à ses travaux, et le seconda dans l’établissement définitif de l’éclairage de l’établissement de Watt à Soho, et dans quelques fabriques de Birmingham. Convaincu dès lors de l’avenir réservé à cette industrie, il prit en Angleterre un brevet d’invention, et s’occupa de former une société industrielle pour appliquer le gaz à l’éclairage dans l’intérieur des habitations.

Ce n’était pas une tâche facile que de fonder, au milieu de tant d’intérêts opposés, cette entreprise nouvelle. Les industries qui existaient à cette époque, pour l’éclairage domestique, devaient susciter contre ce projet des obstacles de tout genre. Élever au milieu des villes, des réservoirs immenses d’un gaz inflammable, placer le long des rues des conduits souterrains, conduire enfin ce gaz