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munication avec ces tuyaux par de petits tubes, dont chacun est muni d’un robinet pour régler le passage du gaz dans chaque bec, et le fermer au besoin tout à fait. Cette dernière opération peut aussi s’opérer instantanément sur l’ensemble des becs d’une pièce, en manœuvrant un robinet dont chaque tuyau est muni à son entrée dans cette pièce.

« Les becs sont de deux espèces ; les uns sont construits sur le principe de la lampe d’Argand, et lui ressemblent en apparence ; les autres se composent d’un petit tube coudé terminé par un cône percé de trois trous ronds d’environ un trentième de pouce de diamètre (8/10 de millimètre), l’un au sommet du cône, et les deux autres latéralement ; le gaz sort de ces trous en produisant trois jets de flamme divergents qui présentent l’aspect d’une fleur de lis. La forme et l’aspect de ce tube lui ont fait donner par les ouvriers le nom de bec en ergot de coq.

« Le nombre des becs de tout l’établissement est de 271 becs d’Argand et 633 en ergot de coq ; chacun des premiers donne une lumière égale à celle de quatre chandelles et chacun des autres une lumière égale à 2 1/4 des mêmes chandelles. Ainsi réglés, la totalité de ces brûleurs consomme par heure 1 230 pieds cubes (35 393 litres) de gaz extrait du cannel-coal ; la qualité supérieure et la quantité du gaz produit par cette matière lui ont fait donner la préférence sur toutes les autres sortes de charbon, malgré son prix élevé............

« L’introduction de ce mode d’éclairage dans l’usine de MM. Phillips et Lée s’est faite graduellement ; on a commencé, dans l’année 1805, par éclairer deux salles de la filature, les bureaux et les appartements de M. Lée ; on a étendu ensuite ce système à toute la manufacture et aussi vite que le permettait l’établissement des appareils. Tout d’abord quelques inconvénients résultèrent de l’imparfaite combustion et de l’incomplète épuration du gaz, qu’on peut attribuer, en grande partie, aux travaux que nécessitèrent les modifications successives apportées dans les appareils. Mais quand les appareils furent terminés, et à mesure que les ouvriers se familiarisèrent avec leur maniement, cet inconvénient disparut, non-seulement dans la filature, mais aussi dans la maison de M. Lée, qui est brillamment éclairée au gaz, à l’exclusion de toute autre lumière artificielle.

« La douceur et l’éclat propres à cette lumière, ainsi que la constance de son intensité, l’ont mise en grande faveur auprès des ouvriers ; et, comme elle est exempte du danger que présentent les chandelles par les étincelles qu’elles produisent, et de l’inconvénient qu’elles ont de devoir être mouchées fréquemment, elle offre l’avantage énorme de diminuer les chances d’incendie, auxquelles les filatures de coton sont si exposées.

« Ces faits montrent, comme on le voit, les avantages principaux que l’on peut attendre de l’éclairage au gaz. »

Fig. 64. — Appareil pour la distillation de la houille employé par Murdoch dans la fabrique de MM. Phillips et Lée à Manchester.

La figure 64 représente l’appareil qui fut employé dans l’usine de MM. Phillips et Lée. La cornue, E, était assez grande pour contenir 762 kilogrammes de houille. Le tube D donnait issue au gaz. Pour recharger la cornue, on l’avait munie d’un tube latéral, G. Pour introduire la houille dans la cornue, on plaçait les morceaux de charbon dans une cage de bois, que l’on soulevait au moyen d’une grue. Le même moyen servait à retirer le coke, après chaque opération, et quand la cornue s’était refroidie. On reconnut pourtant que la forme de cette cornue la rendait incommode et coûteuse, et on adopta une cornue en fonte beaucoup plus longue.

À la même époque où Murdoch installait ses appareils chez MM. Phillips et Lée, c’est-à-dire en 1805, Samuel Clegg, alors élève de MM. Boulton et Watt, commença à s’occuper de l’éclairage au gaz. Il entreprit d’éclairer par ce moyen la filature de M. Henry Lodge, à Sowerby-Bridge, près de Halifax.

Mais, dans ces divers établissements, le gaz