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été faites dans ce sens. Elles demeurèrent assez longtemps infructueuses, mais on a fini, par trouver un procédé au collodion sec assez avantageux, pour qu’on puisse l’employer avec confiance et obtenir de bons résultats.

Pourquoi la glace collodionnée perd-elle par la dessiccation son impressionnabilité ? Nous avons donné plus haut une explication chimique du fait ; voici une autre explication physique du même phénomène qui a été présentée, et qui a eu l’avantage de conduire à la découverte du procédé cherché.

Quand la couche sensible, formée de collodion mêlé d’iodure d’argent, se dessèche, les molécules du collodion se rapprochent, et emprisonnent, pour ainsi dire, l’iodure d’argent. Dès lors, les réactifs dont l’intervention est nécessaire, n’agissent plus, ou du moins n’agissent que très-imparfaitement sur le sel d’argent ; ce qui explique pourquoi on n’obtient, dans ce cas, aucun résultat satisfaisant.

Le problème à résoudre était donc celui-ci : ajouter au collodion une substance qui, s’interposant entre ses molécules, quand il se dessèche, le laissât dans un état spongieux capable de le rendre perméable aux agents chimiques.

En partant de ce principe, on a ajouté d’abord, au collodion, des matières ne pouvant ni sécher, ni cristalliser, telles que l’azotate de magnésie, qui est un sel déliquescent, le miel en dissolution dans l’eau, la glycérine, la gélatine, la dextrine, etc. Ces modifications, proposées par MM. Spiller et Crookes, Shadbolt, Ziégler, Norris et Maxwell Lyte, ne donnaient pas encore le procédé cherché, car elles avaient pour résultat d’entretenir la couche de collodion dans un état constant d’humidité, qui provoquait sa décomposition. Le problème ne fut résolu que du jour où l’on eut l’idée d’introduire dans le collodion des matières résineuses.

MM. Duboscq et Robiquet ont proposé, comme propres à remplir cette condition, l’ambre jaune ; M. l’abbé Despretz, la résine ordinaire. Le procédé aujourd’hui le plus généralement pratiqué, est celui qui a été indiqué par Taupenot.

Ce physicien eut l’idée d’introduire de l’albumine dans le collodion. Le liquide ainsi obtenu, étendu sur une glace, donne une pellicule qu’on laisse sécher, et qui peut servir à un moment quelconque, en ayant soin de la sensibiliser, quelques instants avant de l’exposer dans la chambre obscure.

Le procédé au collodion sec diffère peu, dans la pratique, du procédé au collodion humide ; aussi n’insisterons-nous que sur les parties de l’opération réellement distinctes de celles que nous avons décrites en parlant du premier de ces procédés.

Le nettoyage de la glace est, dans ce cas particulier, extrêmement important, car il exerce une très-grande influence sur les résultats. Si ce nettoyage est défectueux, il se produit dans la couche sensible, des reliefs qui en altèrent la forme, et nuisent à la production de l’image. On procède au nettoyage et au polissage de la plaque, comme nous l’avons déjà dit, à propos du collodion humide, en apportant, toutefois, le soin le plus scrupuleux à ces deux opérations.

On étend ensuite le collodion ioduré. C’est ici que se place une précaution toute particulière pour l’application de l’albumine. On place dans un vase, un certain nombre de blancs d’œufs, auxquels on ajoute de l’iodure et du bromure d’ammonium, de l’ammoniaque et du sucre candi. Ce dernier corps est employé pour rendre le liquide plus fluide et faciliter son extension sur la plaque. On bat le mélange, jusqu’à ce qu’on l’ait transformé en une mousse épaisse. Cette mousse, abandonnée à elle-même pendant un jour, se réduit en un liquide filant, qu’on décante, et qui est alors prêt à servir. On l’étend sur la glace, comme on l’a fait pour le collodion, et on fait sécher dans une pièce à l’abri de l’humidité.

Le bain d’argent est toujours formé par la