Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 3.djvu/94

Cette page a été validée par deux contributeurs.

traire, un jour entier à se produire, si le temps est couvert. Nous avons déjà vu que plus l’épreuve se développe lentement, plus il y a d’opposition entre les blancs et les noirs. Si donc on veut qu’il en soit ainsi, on exposera le châssis à la lumière diffuse. Dans le cas contraire, on opérera au soleil, dont les rayons pénétrants agissent avec rapidité.

La couleur de l’image commence par être bleu très-pâle ; puis la teinte augmente d’intensité, en passant successivement par toutes les nuances intermédiaires, telles que bleu pourpre, pourpre foncé, noir, jusqu’à ce qu’elle atteigne finalement une couleur olive.

Il est bon que la teinte du cliché soit un peu exagérée, c’est-à-dire qu’il ait une coloration très-intense, car le fixage en atténue beaucoup la vigueur.

Lorsqu’il s’agit de portraits, on peut former, à volonté, autour de l’image, un fond blanc, noir ou dégradé.

Pour obtenir un fond blanc, on recouvre le châssis d’un verre jaune à fond blanc ; pour le fond noir, c’est le contraire : le verre est blanc à fond jaune. Quant aux fonds dégradés, on les obtient à l’aide de verres jaunes à teinte dégradée qui produisent autour du portrait une espèce d’auréole d’un effet agréable à l’œil.

Au sortir du châssis à reproduction l’épreuve positive possède, ainsi que nous l’avons dit, une couleur purpurine très-peu stable, qui devient jaune orangé dans le bain de fixage. Avant donc de la fixer on la fait virer dans un bain formé d’un gramme de chlorure double d’or et de potassium dissous dans un litre d’eau. On ajoute quelquefois au sel d’or, un peu de carbonate de chaux pulvérisé, afin de neutraliser l’acide libre. Quelques praticiens remplacent le carbonate de chaux par de l’acétate de soude, par le phosphate ou le borate de la même base ; mais ce ne sont là que des modifications de peu d’importance.

On doit rejeter tous les procédés de virage se produisant par sulfuration de l’argent : tels sont les procédés de virage au sulfure de potassium, à l’hyposulfite de soude acidulé, ou mélangé de sel de fer. Dans tous ces cas, la présence du soufre est nuisible à l’épreuve, qui ne tarderait pas à s’altérer complétement.

On laisse l’image atteindre la couleur bleue, en ayant bien soin de ne pas la toucher avec les doigts, car tous les points qui ont subi le contact des doigts, ne sont plus mouillés par les liquides, probablement par suite d’un dépôt de matières grasses.

On soumet ensuite les épreuves à un lavage prolongé dans l’eau pure, et l’on procède au fixage. Il est essentiel que le lavage soit bien complet, car s’il restait dans le papier des traces de sel d’argent, la dissolution d’or en serait altérée. Il en est de même lorsque l’épreuve est soumise au virage étant encore imprégnée d’un peu de sel d’argent.

On fixe l’épreuve positive comme l’épreuve négative, c’est-à-dire avec une dissolution d’hyposulfite de soude ou de cyanure de potassium. Pour les raisons que nous avons données précédemment, il vaut mieux se servir de sulfocyanure de potassium ou d’ammonium, que de cyanure simple.

On peut encore employer pour le fixage, l’ammoniaque, étendue de 3 fois son volume d’eau. Seulement, dans ce cas, le fixage doit précéder le virage. Cette dernière opération se fait alors à l’aide d’une dissolution de cyanure de potassium à laquelle on ajoute une petite quantité d’iode.

L’action de ce dernier bain de virage ne doit pas être prolongée, car l’épreuve est rongée de plus en plus, et disparaît bientôt entièrement.

Quel que soit le procédé suivi pour fixer les épreuves, ces dernières doivent être soumises à un lavage prolongé, sous l’action d’un courant d’eau continu. Après quoi, on les laisse sécher à l’air.

Il n’y a plus qu’à coller ces épreuves sur des feuilles de carton.