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Le célèbre James Watt, à qui revient la gloire d’avoir créé, pièce à pièce, la machine à vapeur, en perfectionnant les appareils primitifs de Newcomen et de Savery, s’occupa également du problème de la fixation des images formées dans la chambre obscure sur du papier enduit de chlorure d’argent. On a retrouvé une épreuve photographique sur papier représentant la manufacture de Soho ; mais il n’a pas été possible d’établir avec assez d’exactitude la véritable origine et la date de cette curieuse pièce, pour que l’on puisse faire figurer James Watt parmi les précurseurs de la photographie.

En résumé, toutes ces tentatives n’ont que très-faiblement influé sur la création de la photographie moderne. Elles marquent seulement son origine historique, et font comprendre toutes les difficultés du problème à résoudre. Au temps de Wedgwood et de Davy, la photographie était encore dans les limbes de l’avenir.


CHAPITRE II

travaux de joseph niépce. — sa méthode pour la fixation des images de la chambre obscure.

Le premier nom que nous ayons à inscrire après ceux de Wedgwood et de Davy, dans l’histoire des premiers temps de la photographie, est celui de Joseph-Nicéphore Niépce.

Né à Chalon-sur-Saône, en 1765, Joseph-Nicéphore Niépce était fils de Claude Niépce, écuyer, receveur des consignations au bailliage de Châlon. Élevé dans une certaine aisance, il avait atteint l’âge de vingt-sept ans sans trop se presser de choisir une profession. Un moment on avait eu la pensée de le faire entrer dans les ordres ecclésiastiques, mais il ne fut pas donné suite à ce projet.

Le 10 mars 1792, Nicéphore Niépce fut admis, en qualité de sous-lieutenant, au régiment de Limousin, plus tard 42e régiment de ligne. Il passa de là, en qualité de lieutenant, au deuxième bataillon de la 83e demi-brigade. Le 6 mai 1793, il partit, avec sa compagnie, pour la Sardaigne, et fit la campagne de Cagliari. Pendant la même année, il entra à l’armée d’Italie. Le 9 mars 1794, il fut attaché à l’état-major du général Frottier.

Il se trouvait à Nice, lorsqu’il fut atteint d’une maladie épidémique qui sévissait sur l’armée et les habitants de la ville, et qui affecta gravement sa vue. Les suites de cette maladie l’obligèrent à abandonner l’état militaire. Il donna sa démission d’officier, le 21 novembre 1794. Peu de temps auparavant, il s’était marié à Nice. Il avait épousé la fille de son hôtesse, mademoiselle Marie Roméro, aux soins intelligents de laquelle il avait dû la vie.

Nicéphore Niépce demeura à Nice après son mariage. Au mois de janvier 1795, lors du renouvellement des autorités de cette ville, alors française, il fut nommé, par les représentants du peuple, commissaires de la Convention, administrateur du district de Nice.

Mais le mauvais état de sa santé l’obligea à se démettre de cette nouvelle fonction. Il loua, à peu de distance de Nice, près du village de Saint-Roch, une maison de campagne, et s’y installa avec sa femme. La tranquillité d’une vie exempte des soucis de la carrière publique, jointe à l’air vivifiant des environs de Nice, lui eut bientôt rendu la santé.

Le bonheur dont jouissait Nicéphore Niépce, fut encore augmenté par l’arrivée imprévue de son frère aîné, Claude Niépce.

Claude Niépce avait embrassé, comme Nicéphore, la carrière militaire. Il s’était embarqué en 1791, comme soldat volontaire, sur un bâtiment de l’État, et avait couru les mers jusqu’en 1794. Au bout de ce temps, il avait quitté le service, et il rejoignait son frère à Nice.

Claude Niépce était un très-habile mécanicien ; de son côté, Joseph-Nicéphore avait