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sur le papier. D’autres fois, Charles s’amusait à former la silhouette de l’un des assistants, en plaçant la personne dans un lieu fortement éclairé. L’ombre du modèle se projetait sur l’écran. Une feuille de papier enduite de chlorure d’argent, disposée sur cet écran, recevait la silhouette, qui se maintenait visible tant que la lumière ambiante ne l’avait pas altérée. On se passait de main en main, ce papier qui bientôt, noircissant en entier, offrait un second phénomène aussi curieux que le premier.

Fig. 2. — Wedgwood.

C’était là une pure récréation scientifique, et comme le jeu d’une idée pleine d’avenir. D’autres savants eurent à cœur d’étudier plus sérieusement le même phénomène.

Wedgwood, physicien et industriel anglais, bien connu par le pyromètre qui porte son nom et par ses travaux dans l’art de la céramique, copiait, au soleil, le profil d’une personne dont l’ombre était projetée sur un papier enduit d’azotate d’argent. C’était l’expérience de Charles, dans laquelle l’azotate d’argent remplaçait le chlorure. En 1802, parut un mémoire posthume de Wedgwood, dans lequel l’auteur faisait connaître le moyen de copier sur du papier enduit d’azotate d’argent, des estampes et des vitraux d’église.

Humphry Davy essaya, à la suite de Wedgwood, de fixer sur le papier imprégné d’azotate ou de chlorure d’argent, les images de la chambre obscure. Mais l’azotate d’argent était trop peu impressionnable à la lumière ; Davy ne réussit qu’en se servant d’un microscope solaire, c’est-à-dire en éclairant les corps par les rayons du soleil concentrés par une lentille dans une chambre obscure. Seulement les images qu’il formait ainsi, disparaissaient rapidement par l’action ultérieure du jour, car les parties non influencées par la lumière dans la chambre obscure, à leur tour sous l’influence de la lumière diffuse, faisaient disparaître les dessins sous une masse uniformément noire.

« Il ne manque, écrivait Humphry Davy, en parlant du procédé de Wedgwood, qu’un moyen d’empêcher que les parties éclairées du dessin ne soient colorées par la lumière du jour, pour que ce procédé devienne aussi utile qu’il est simple dans son exécution.

« La copie d’un dessin, dès qu’elle est obtenue, ajoutait Humphry Davy, doit être conservée dans un lieu obscur. On peut bien l’examiner à l’ombre, mais ce ne doit être que pour peu de temps. Aucun des moyens que nous avons mis en œuvre pour empêcher les parties incolores de noircir à la lumière n’a pu réussir… Quant aux images de la chambre obscure, elles se sont trouvées trop faiblement éclairées pour former un dessin avec le nitrate d’argent, même au bout d’un temps assez prolongé. C’était là cependant l’objet principal des expériences. Mais tous les essais ont été inutiles[1]. »

Humphry Davy ne fut donc pas plus heureux que ne l’avait été Wedgwood, dans ses tentatives pour rendre inaltérables à l’action ultérieure de la lumière, les images formées dans la chambre obscure, sur le papier imprégné d’un sel d’argent.

  1. Description d’un procédé pour copier les peintures sur verre et pour faire des silhouettes par l’action de la lumière sur le nitrate d’argent (Journal de l’Institution royale de Londres, 1802, t. I, p. 170).