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la même manière, les images de la chambre obscure.

Toutefois, aucune de ces images photo-chromatiques n’a pu être fixée. Toutes les dissolutions, tous les vernis, qu’on a essayés, font disparaître ces couleurs trop délicates, ne laissant qu’une image en noir.

Ainsi, le fait découvert par M. Becquerel est loin de justifier toutes les espérances que l’on avait conçues un moment. Il démontre seulement que le problème de la reproduction photogénique des couleurs pourra recevoir un jour quelque solution, et que les personnes qui s’adonnent à ce genre de recherches ne trouveront plus, comme autrefois, dans les principes de la science, la condamnation anticipée de leurs tentatives. Quelque limitée qu’elle soit dans ses conséquences actuelles, cette observation n’en conserve pas moins son importance. On peut espérer, en effet, que des travaux bien dirigés feront découvrir d’autres agents chimiques jouissant des propriétés du chlorure d’argent et répondant mieux que ce composé aux exigences de l’application pratique.

Fig. 27. — M. Edmond Becquerel.

Déjà M. Niépce de Saint-Victor, se vouant avec persévérance à ces difficiles recherches, a été conduit à quelques résultats intéressants. M. Edmond Becquerel a découvert, avons-nous dit, qu’une lame de plaqué d’argent immergée dans une dissolution de chlore, acquiert la propriété de reproduire les couleurs du spectre solaire. Poursuivant l’examen de ce phénomène, M. Niépce de Saint-Victor a reconnu que la coloration du chlorure d’argent en diverses teintes, sous l’influence de la lumière, dépend de la proportion de chlore qui existe dans les bains où l’on plonge la lame d’argent, de telle manière que l’on peut voir apparaître telle ou telle couleur, selon la quantité de chlore contenue dans le bain. Ainsi, selon M. Niépce, lorsque la quantité de chlore est la plus petite possible, la couleur dominante est le jaune ; à mesure que le chlore devient plus abondant, la couleur dominante est tour à tour le vert, le bleu, l’indigo, le violet, le rouge, l’orangé : ces deux dernières couleurs n’apparaissent que lorsque la solution est entièrement saturée de chlore. M. Niépce de Saint-Victor a encore reconnu que certains chlorures métalliques, et particulièrement le chlorure de cuivre et le deutochlorure de fer, donnent beaucoup plus facilement naissance à des images colorées que la simple dissolution aqueuse de chlore employée par M. Becquerel.

Partant de ces remarques, M. Niépce de Saint-Victor a pu reproduire sur une plaque chlorurée certaines couleurs naturelles. Pour obtenir telle ou telle couleur, le jaune, par exemple, M. Niépce prend une dissolution de chlorure de fer ou de chlorure de cuivre, contenant à peu près la quantité de chlore nécessaire pour faire apparaître la teinte jaune dans le spectre solaire ; pour donner naissance, sur une même plaque, à toutes les couleurs à la fois, il se sert d’une dissolution de chlorure contenant à peu près la quantité de chlore qui correspond aux rayons