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qui met en communication les deux cours d’eau. L’expérience a prouvé que le poisson s’introduit sans hésiter dans ces passages, et qu’il les franchit aisément.

Les échelles à Saumons se construisent suivant deux systèmes, le système à escalier et le système à échelle. Nous trouvons dans l’ouvrage de M. Coste, Voyage sur le littoral de la France et de l’Italie, la description de ces deux systèmes.

« Ce système dit à escalier (fig. 610) consiste en une série de réservoirs carrés en bois, posés les uns au-dessus des autres, à la hauteur de deux pieds, comme autant de grandes caisses. Ces bassins, dont le dernier communique de plein pied avec le haut de la chute, pendant que le premier se trouve au niveau de la partie inférieure du fleuve, sont construits et superposés de telle sorte que l’eau se précipitant dans le réservoir le plus élevé rencontre à angle droit la paroi qui lui fait face, et est forcée de s’écouler par une large ouverture latérale. Elle tombe ainsi dans le second bassin, puis dans le troisième, et successivement dans tous les autres par de vastes échancrures qui alternent et produisent dans leur ensemble une série de cascades serpentantes. Ce procédé permet aux Saumons et aux Truites, quelle que soit la hauteur du barrage, de passer de l’aval à l’amont du fleuve, en sautant d’auge en auge sans trop d’effort et de fatigue.

« Les bassins formant escalier peuvent aussi être rangés sur deux files parallèles, adossées l’une à l’autre par un de leurs côtés. Cette forme n’est qu’une modification de la précédente : l’eau, en passant des compartiments de droite dans ceux de gauche, et, alternativement, de ceux-ci dans ceux-là, y serpente également ; mais les points de repos sont plus multipliés, et les chutes moins élevées, ce qui rend l’ascension du poisson plus facile. Ce double escalier a, en outre, l’avantage de pouvoir s’adapter à des localités où il serait impossible de donner à l’escalier simple un développement suffisant en longueur.

« Les échancrures par lesquelles l’eau s’écoule d’un bassin dans un autre, au lieu d’être sur l’un des côtés des cloisons transversales et d’alterner, peuvent occuper le milieu de ces cloisons, de manière à produire non plus des cascades serpentantes, mais une série de chutes qui se succèdent en ligne droite, depuis le haut jusqu’au bas de l’escalier.

« L’autre système, dit à échelle (fig. 611), est plus simple encore et présente plusieurs variétés. Voici la description du moins dispendieux de ces appareils.

« Dans le sens du courant et sur un plan incliné de vingt pieds pour un, on construit, au moyen d’un terrassement et de deux fortes cloisons, une sorte de longue stalle, large d’environ vingt pieds et qui rejoint par une pente douce les deux parties de la rivière. Puis de dix en dix pieds on établit graduellement, entre ces deux parois, une série de cloisons transversales formant autant de bassins d’une profondeur convenable. Le milieu de ces cloisons, légèrement échancré, est recouvert par l’eau qui se précipite, tandis que leurs extrémités, s’élevant au-dessus, opposent au courant une suite d’obstacles suffisants pour permettre au Saumon d’opérer son ascension successive de bassin en bassin. »

Inventés en 1834, en Écosse, par un propriétaire d’usine, M. Smith, les escaliers à Saumons furent établis dans plusieurs rivières de ce pays, mais c’est surtout en Irlande que ce système a été employé avec le plus de succès. On peut citer particulièrement la pêcherie de Galway, dans laquelle une échelle permet aux poissons de la baie de ce nom, d’arriver dans le lac Corrib, en surmontant un barrage de 1m,35 de hauteur ; une autre échelle lui permet ensuite de passer du lac Corrib dans celui de Mark, dont le niveau est à 12 mètres au-dessus du premier. La pêcherie de Ballysadare a deux échelles : l’une franchit une cascade de 9 mètres ; l’autre, une cascade de 4m,50. Elles conduisent le Saumon de la baie de Ballysadare dans la rivière formée par la réunion de l’Arrow et de l’Owenmore ; une troisième échelle franchit une cascade de 5m,50.

La figure 611 montre la forme de l’escalier à Saumons, dite en échelle. Nous donnons plus loin (fig. 612) l’élévation et la coupe verticale de ce même appareil.

En Amérique, les échelles à Saumons, importées d’Écosse, en 1856, ont donné les meilleurs résultats.

En France, on a établi des échelles à poissons sur le Blavet, sur le Tarn, au barrage de Mausac, sur la Dordogne, enfin, plus récemment, sur la rivière de la Vienne, à Châtellerault.

M. Millet a donné en 1868, dans le Bulletin de la Société d’acclimatation, la descrip-