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Tel est le principe du procédé qui a servi à créer, entre les mains de M. Poitevin, la photo-lithographie et la gravure héliographique. Le procédé primitif de M. Poitevin a été singulièrement perfectionné, mais il est juste de proclamer les droits du véritable créateur de cet art.

Nous donnons à titre de spécimens historiques (fig. 25 et 26), deux figures gravées par M. Poitevin, par les procédés que nous venons de décrire. Ces gravures sont imparfaites, sans doute, mais elles ont l’avantage de mettre sous les yeux du lecteur les premiers résultats des tentatives ayant pour objet la création de la gravure héliographique.

Une autre découverte importante de la branche des arts scientifiques qui nous occupe, est celle des émaux photographiques due à M. Lafon de Camarsac, qui permet de transformer en médaillons sur porcelaine les épreuves de photographie, lesquelles peuvent alors remplacer les émaux obtenus par les procédés de peinture sur porcelaine ou sur émail.

C’est dans le brevet pris par l’auteur, en 1854, que l’on trouve très-nettement formulé le principe sur lequel les opérateurs ont fondé plus tard la production de toutes sortes d’épreuves vitrifiées. Ce principe consiste à renfermer des matières colorées inaltérables et réduites en poudre impalpable, dans une couche de substance impressionnable à la lumière, et adhésive. M. Lafon de Camarsac obtenait ce résultat soit en mélangeant la poudre colorée à l’enduit avant son exposition à la lumière, soit après cette exposition. Dans les deux cas, toute la matière photogénique est éliminée après l’exposition au feu, et il ne reste à la surface de la porcelaine que des couleurs inaltérables.

L’inventeur avait eu recours à toutes les couleurs employées en céramique, et obtenu, dès l’origine de cet art nouveau, des épreuves photographiques vitrifiées de la plus belle intensité de ton.

L’exploitation a suivi de près l’invention scientifique. En 1856, M. Lafon de Camarsac produisait déjà un nombre considérable d’émaux photographiques pour la bijouterie. Depuis ces périodes de début, des clichés de ce genre ont été envoyés dans toutes les parties du monde, et plus de quinze mille émaux ont été répandus dans le public. Cette production paraîtra immense, si l’on réfléchit aux difficultés attachées au maniement des matières céramiques, et aux soins qu’il faut apporter à chaque épreuve pour en faire une petite œuvre d’art. L’auteur a dû tout créer dans cette voie, puisque ses recherches ne pouvaient s’appuyer sur aucune découverte antérieure.

Toute une industrie nouvelle est sortie des travaux de M. Lafon de Camarsac. Pour en donner une idée, il suffira de dire que l’émailleur formé dès l’origine par l’inventeur a déjà fabriqué plus de cent mille plaques d’émail destinées à la photographie.

Si nous signalons maintenant la découverte des procédés d’agrandissement des épreuves photographiques, qui permet d’amplifier à volonté ces épreuves, découverte à laquelle a pris une très-grande part un des physiciens photographes les plus distingués de notre temps, M. Van Monckhoven ; si nous citons enfin l’application de la lumière électrique, et de celle de l’éclairage par la combustion du magnésium, au tirage des épreuves positives, nous aurons terminé cette revue historique de la photographie, ces sortes d’éphémérides de l’art merveilleux créé par la persévérance et le talent de Daguerre.