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La figure 601 représente le plancher collecteur à compartiments multiples.

« Le plancher collecteur à compartiments multiples, dit M. Coste, consiste en plusieurs séries de doubles pieux (A), qu’un intervalle de 12 à 15 centimètres seulement sépare ; disposées en échiquier, à la distance de 2 mètres environ les unes des autres, et coupées par des passages d’exploitation (E) larges de 60 à 70 centimètres. — Deux trous se correspondant, le premier à 50 centimètres du sol, le second à 23 ou 30 centimètres au-dessus du premier, percent de part en part les pieux accouplés. — Une clavette (I), en bois ou en fer, introduite dans le trou inférieur, convertit ces pieux en une sorte de chevalet, et sert de point d’appui à des traverses d’une seule pièce (B), longues de 2m,20 au moins, et d’un diamètre de 10 à 12 centimètres. Ces traverses doivent être solides, car c’est sur elles que porte le plancher, consistant en planches (D) posées à plat, par leurs extrémités, sur les traverses inférieures, et rangées côte à côte de manière à laisser entre elles le moins d’intervalle possible. — D’autres traverses (C), de même longueur que celles-ci, mises au-dessus des planches, et retenues elles-mêmes par des clavettes (J), passées dans le trou supérieur des pieux, assujettissent le tout. S’il arrivait qu’il y eût un peu trop de jeu entre les clavettes supérieures et les traverses qu’elles doivent maintenir, un coin (Q) placé entre ces deux pièces obvierait à cet inconvénient. Des coins en bois (Q′) servent aussi à assujettir les planches qui auraient trop de mobilité. — Lorsqu’on veut désarticuler les planches, soit pour les transporter sur d’autres chevalets, soit pour les retourner et soumettre à l’insolation les jeunes huîtres qui s’y sont fixées, et y ont déjà assez grandi pour résister à l’action nuisible des vases, soit pour constater l’état de la récolte ou examiner les fonds sous-jacents, il suffit de retirer la clavette supérieure (J) et d’enlever les traverses (C) qui maintiennent le plancher. Les planches les plus propres à former le plancher sont les planches brutes en bois de pin ou de sapin, de 2m,10 à 2m,15 de long, sur 20 à 23 centimètres de large, dont on hérisse l’une des faces, à l’aide d’un ciseau ou d’une herminette, de minces copeaux adhérents. Ces copeaux, qui ont une saillie de 2 à 3 centimètres, multiplient les surfaces et rendent très-facile la cueillette des huîtres qui y adhèrent. On peut les remplacer par une couche de valves de bucardes, de vénus, de moules, ou de cailloux du volume d’une noix, que l’on fait adhérer aux planches à l’aide d’un mastic de brai sec et de goudron. Enfin, pour fournir au naissain un plus grand nombre de points d’attache, on garnit aussi cette face de menus branchages de châtaignier, de chêne, de sarments de vigne, etc., que l’on fixe par des trous pratiqués aux planches (D, D′).

« Dans les parcs, les viviers, etc., établis sur des roches ou des branches dures, par conséquent sur un fond que les pieux ne peuvent pénétrer, ceux-ci seront remplacés par des bornes en pierre de taille (G), de 70 centimètres environ de haut, sur 25 centimètres de côté, percées de part en part, assez largement pour recevoir non-seulement les traverses (B, C), mais encore un coin (H) destiné à les assujettir, et maçonnées à la base ou maintenues à l’aide de crampons en fer. »


CHAPITRE XVIII

état actuel de l’ostréiculture.

Nous venons de faire connaître l’établissement, sur un grand nombre de points du littoral français, de vastes champs destinés à la reproduction et à la multiplication artificielle des huîtres. Il sera intéressant de dire maintenant le résultat de ces tentatives. Un rapport de MM. Millet et Hennequin, sur les appareils de pêche et d’ostréiculture à l’Exposition universelle de 1867, et qui fait partie d’un volume publié en 1868, par les soins de la Société d’acclimatation de Paris[1], nous renseigne sur la situation présente de l’ostréiculture, sur ses progrès et sur ses échecs, enfin sur les espérances qu’elle peut donner pour l’avenir.

La baie de Saint-Brieuc a été l’un des principaux théâtres des essais entrepris sous la direction de M. Coste. On a, comme nous l’avons dit, répandu sur les fonds de la baie de Saint-Brieuc, quelques millions d’huîtres adultes, que l’on a environnées de fascines, de rochers et de planchers collecteurs destinés à recueillir leur laitance. Malheureusement, les résultats ont été peu favorables dans la baie de Saint-Brieuc. On était arrivé à recueillir du naissain sur les fascines ; mais ces collecteurs n’ont pu résister à l’action trop énergique de la mer et des courants. Les jeunes huîtres ont fini par être emportées avec les fascines elles-mêmes,

  1. De la production végétale et animale. Études faites à l’Exposition universelle de 1867, in-8, Paris, 1868.