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tres, d’un à quatre ans, presque toutes marchandes. Ces huîtres, au prix de 25 ou 30 francs le mille, représentent une valeur de 2 millions de francs environ : résultat colossal quand on pense qu’il a été obtenu sur un espace aussi restreint. Il serait trois ou quatre fois plus considérable encore, si, à l’origine de l’industrie, les parqueurs avaient connu le moyen de dégrapper le jeune coquillage. À défaut de ce perfectionnement, le plus grand nombre de sujets a été étouffé par la compression de ceux qui ont pris un développement prépondérant. D’après le recensement qu’en avait fait l’administration locale au début de l’opération, il y avait 300 millions de jeunes sujets là où il n’en reste plus aujourd’hui que 72 ou 80 millions parvenus à l’état adulte. Ces immenses pertes seront évitées à l’avenir par les perfectionnements des appareils producteurs. »


CHAPITRE XVII

procédés et appareils de l’ostréiculture.

Puisque la disposition des appareils importe tant à la bonne réussite de l’opération, on nous excusera de ne pas terminer ce sujet sans donner quelques indications pratiques sur la manière la plus convenable de disposer les engins de cette nouvelle et curieuse exploitation manufacturière qui s’accomplit au sein des eaux.

Les appareils propres à recueillir le naissain des huîtres et à le fixer sur des systèmes collecteurs et protecteurs sont de deux sortes : les uns fixes, les autres mobiles.

Lorsque les fonds sur lesquels on opère, sont déjà ensemencés, soit naturellement, soit artificiellement, on emploie, pour la multiplication des huîtres qui garnissent ces fonds, des appareils collecteurs fixes : ce sont les pavés et les tuiles. Les premiers sont de simples blocs de pierre, dont on pave en quelque sorte les parcs, de manière à produire une surface très-inégale, hérissée d’anfractuosités. La première année, on laisse tout en place ; mais à l’époque nouvelle du frai, on retourne les pavés, de manière que les huîtres placées à leur face inférieure se trouvent au contraire exposées à la lumière. La face supérieure du pavé, devenue dès lors inférieure, se recouvrira bientôt de la nouvelle génération. Pendant la troisième année, on détache les huîtres, qui sont dès lors propres à achever leur développement dans les bassins d’élevage.

Ce procédé, peu dispendieux là où la pierre est abondante, présente pourtant un certain inconvénient. C’est que les huîtres ne peuvent, sans amener de grandes pertes, être détachées des pavés, contre lesquels elles s’incrustent solidement, en y contractant le plus souvent des formes défectueuses.

Dans les contrées où les pierres sont rares, comme aussi afin d’éviter la déformation de la coquille, on fait usage, pour recueillir le naissain des huîtres, de tuiles semblables à celles qui servent à couvrir nos toits : de là le nom de toits collecteurs, donné à cet appareil par M. Coste. Sur le fond où gisent les précieux mollusques, on construit des lignes de piquets, sur lesquelles on cloue des traverses. On place sur cette espèce d’échafaudage des tuiles concaves, diversement inclinées les unes sur les autres. C’est à leur face concave que les jeunes huîtres s’attachent. On les enlève facilement à l’époque voulue, pour les transporter dans les parcs d’élevage.

M. Coste, dans son Voyage d’exploration, donne les renseignements suivants sur les différentes manières de disposer les toits collecteurs.

« C’est sur des chevalets, formés par des traverses clouées à des piquets qui saillent de 15 à 20 centimètres du sol, que repose le toit collecteur.

« On augmente ou on restreint le nombre et l’étendue de ces chevalets, selon la surface du terrain à couvrir.

« Les tuiles, qui sont l’élément principal du toit, se prêtent à diverses combinaisons qui permettent d’en varier la forme et la disposition.

« Ces tuiles peuvent être rangées en files parallèles et contiguës, et former une toiture simple et complète (fig. 594).

« Dans tous les parcs où l’action des flots se fera trop vivement sentir, on devra consolider chaque