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bâtiment principal, renferme les approvisionnements relatifs au chauffage des ateliers et du bureau, et les ustensiles et matériaux de réparation et d’entretien.

« Divers petits bassins alimentés par les eaux de source et dans lesquels on peut au besoin amener les eaux du Rhin et du ruisseau de l’Augraben, sont organisés à l’extérieur des bâtiments pour les essais d’élevage. D’autres bassins plus spacieux, où l’on avait proposé d’entretenir des poissons adultes, ne sont ni étanches, ni susceptibles d’être utilisés convenablement. Leur achèvement et leur alimentation forment l’une des dépenses ajournées.

« Les terrains disponibles, et généralement de mauvaise qualité, permettront un jour de développer les opérations de toute espèce, si l’on en reconnaît la nécessité. »

Passons au mode d’exploitation. Le but qui fut assigné dès l’origine à l’établissement, c’est la récolte et la fécondation d’œufs, qui seraient ensuite dirigés dans les fleuves et les rivières, soit à l’état d’œufs fécondés, soit à l’état d’alevin. On a dû partager dès le début les travaux en deux campagnes, l’une embrassant l’automne et l’hiver, l’autre le printemps et l’été, selon l’époque du frai des poissons à élever. L’une de ces campagnes comprend la multiplication de la Truite commune et saumonée, de la grande Truite des lacs, du Saumon franc ou du Rhin, de l’Ombre-chevalier ; la seconde campagne comprend, à titre provisoire, l’Ombre commun et le Saumon Heuch ou du Danube. À chacune de ces campagnes se rattachent des récoltes dites exceptionnelles, parce qu’elles n’exigent pas les mêmes manipulations : c’est, pour la campagne d’hiver, la récolte et la distribution des œufs de Féra, et pour la campagne du printemps, la distribution d’alevins et l’introduction de certains poissons vivants, dont il n’a pas encore été possible d’opérer la fécondation artificielle, mais qu’il importe d’étudier dans des bassins naturels.

Après une expérience de dix années, les moyens d’action constamment perfectionnés et développés, pour satisfaire à des besoins sans cesse croissants, ont atteint un degré de précision qui ne paraît pas susceptible de varier désormais beaucoup, du moins quant à la campagne normale.

Dans la Notice historique à laquelle nous empruntons ces renseignements, M. l’ingénieur en chef des travaux du Rhin donne l’exposé qui va suivre du mode général d’exécution des travaux dans chaque campagne.

« Avant l’ouverture de chaque campagne, M. Coste adresse à l’administration supérieure des propositions sur les opérations à entreprendre pour l’approvisionnement et la distribution des œufs fécondés et pour la continuation des repeuplements. Il recommande les études à poursuivre plus particulièrement. M. l’ingénieur en chef est appelé à exprimer son avis dans un rapport où il indique ce qui peut être fait avec le personnel et le matériel disponibles ; il demande les moyens d’exécution basés sur les projets de budget et sur les opérations comparatives des campagnes précédentes analogues, dont il retrace les résultats. Une décision ministérielle intervient et statue sur l’ordre de marche à adopter, sur les mesures à régulariser.

« Des instructions sont transmises à M. l’ingénieur ordinaire, qui prépare l’itinéraire de l’explorateur sur les lieux d’approvisionnement, les marchés des fournisseurs, dans les conditions jugées nécessaires pour assurer l’abondance et la bonne qualité des produits, les ordres de service aux pisciculteurs chargés de coopérer aux fécondations, les moyens de transport les plus rapides, les conférences avec la douane pour l’aplanissement des formalités sur la zone frontière, enfin les dispositions à l’intérieur de l’établissement.

« L’achat des œufs se fait à l’étranger, en Suisse et en Allemagne. C’est là que l’on trouve les espèces voulues, ainsi que des pêcheries suffisamment productives et assez bien organisées pour que les fécondations puissent s’y faire avantageusement. On a cherché toutefois, pour la Truite de rivière, à s’approvisionner concurremment dans le département français des Vosges, mais on n’y a réussi que dans de très-faibles proportions.

« Il est superflu de rappeler que l’établissement de Huningue, n’ayant pas été mis en position de se livrer à l’élevage en grand, fournit seulement les œufs fécondés des sujets conservés pour des essais.

« L’explorateur, après une tournée générale préliminaire, où il visite les fournisseurs et leurs installations, qu’il fait améliorer au besoin, annonce les contrats conclus, les combinaisons arrangées pour se procurer les poissons vivants, extraire et féconder les œufs en temps opportun, en centralisant la récolte sur les points principaux, faciles à surveiller et se prêtant à de promptes expéditions.

« L’un des gardes et plusieurs pisciculteurs, for-