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fier l’eau. Cette eau tombe du filtre sur des règles disposées en gradins. Les œufs fécondés, immergés à une profondeur qui varie selon les espèces, sont suspendus dans le liquide, sur des châssis ou tamis de crin, de soie, de toile métallique ou d’osier. M. Millet a fini par donner la préférence aux toiles métalliques galvanisées, qui sont solides, durables, se laissent facilement nettoyer à l’aide d’une brosse, et ne sont que rarement envahies par les algues. C’est à l’aide de ce procédé que M. Millet a fait éclore, au quatrième étage de la rue de Castiglione, des œufs de Truite, de Saumon, d’Ombre-chevalier.

Pour opérer dans l’eau même d’une rivière, d’un lac ou d’un étang, M. Millet a recommandé l’emploi de tamis doubles, en toile métallique, que des flotteurs maintiennent à une hauteur convenable, et qui s’élèvent ou s’abaissent avec le niveau de l’eau.

Pour les espèces qui frayent en eau dormante, il garnit le double tamis d’herbes aquatiques, ou même place plus simplement leurs œufs dans de grands baquets avec des plantes qui empêchent l’eau de se corrompre.

M. Coste a exposé dans ses Instructions pratiques sur la pisciculture, des moyens simples, applicables aussi bien à l’industrie qu’aux expériences de laboratoire, et qui sont devenus les appareils classiques de l’incubation artificielle. Nous allons successivement les passer en revue.

L’appareil à éclosion du Collége de France est constitué par un assemblage de ruisseaux factices et mobiles, dont on peut augmenter ou diminuer le nombre à volonté. Les rigoles artificielles qui le composent, sont des auges en poterie émaillée, matière qui sera toujours préférée au bois, en raison de son bas prix et de sa légèreté. Ces auges ont 0m,50 de longueur sur 0m,15 de largeur et 0m,10 de profondeur. Elles portent sur le côté, à 0m,06 ou 0m,07 d’une de leurs extrémités, une gouttière de décharge : un trou situé au niveau du fond, sur la face de l’extrémité opposée, permet de les vider complétement ; à l’intérieur, vers le milieu de leur profondeur et de chaque côté, elles portent deux petits supports saillants, a, a (fig. 559).

Fig. 559. — Une des auges de l’appareil à éclosion de M. Coste.

On place les œufs fécondés que l’on veut faire éclore, sur des claies (B) formées par des baguettes de verre placées parallèlement à une distance de 0m,002 à 0m,003 les unes des autres, et fixées à un cadre de bois.

On place ces claies sur les petits supports internes des auges, en sorte qu’elles sont situées à 0m,02 ou 0m,03 au-dessous du niveau de l’eau.

On peut grouper de diverses façons les auges pourvues de leurs claies. La figure 560 les montre étagées à côté les unes des autres, sur un double rang de gradins. L’auge médiane et supérieure est munie, à l’extrémité opposée à celle par où l’eau arrive, de deux gouttières, l’une à droite et l’autre à gauche. L’eau, en tombant du robinet, produit un courant à l’extrémité opposée, et comme les échancrures latérales lui donnent une double issue, il se brise en deux courants, qui vont alimenter les deux rigoles situées au-dessous. De nouveaux courants, dirigés en sens inverse du premier, se forment dans ces deux rigoles, et se précipitent enfin dans les canaux immédiatement inférieurs. Le même phénomène se reproduisant de haut en bas pour chaque rigole, il en résulte que l’eau, circulant, serpentant, s’aérant de chute en chute, à mesure qu’elle parcourt les divers