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l’animal. C’est ce que représente la figure 558.

Fig. 558. — Opération de la ponte artificielle.

Remarquons en passant que, si la facile expulsion des œufs indique qu’ils sont mûrs, elle ne démontre pas leur aptitude à la fécondation. En effet, il arrive quelquefois que, des femelles ne pouvant se délivrer, les œufs mûrs demeurent trop longtemps dans la cavité abdominale, et s’y altèrent. On reconnaît l’altération des œufs à la couleur blanchâtre qu’ils prennent au contact de l’eau, et à la présence d’une matière puriforme qui les accompagne et trouble l’eau.

Il arrive souvent que tous les œufs que doit pondre une femelle dans la saison, mûrissent et se détachent simultanément, étant ainsi simultanément propres à la fécondation. Cependant, chez les Saumons, les Truites, etc., les femelles mettent plusieurs jours à frayer, en sorte que, quand on procède à la fécondation artificielle, après avoir recueilli tous les œufs qui sortent sans effort à la première manœuvre, il faut remettre le poisson dans le vivier, pour achever de le délivrer quelques jours après.

Dès que cette opération de l’expulsion des œufs a été accomplie, ou même pendant qu’elle s’accomplit, si cela est possible, il faut prendre un mâle, et par les mêmes moyens et avec les mêmes précautions, faire tomber la laitance dans le vase qui contient les œufs. La saturation est suffisante quand l’eau est légèrement troublée, ou a pris les apparences d’un lait très-coupé d’eau. On agite le mélange, soit avec le doigt, soit avec les barbes d’un pinceau, et on laisse reposer deux ou trois minutes. Puis on verse les œufs, avec l’eau qui les renferme, dans les ruisseaux à éclosion, si l’incubation doit se faire sur place. Si, au contraire, on doit porter ces œufs plus loin, on remplace l’eau qui a servi à la fécondation, par une eau nouvelle, de même nature, et on opère comme nous l’indiquerons plus loin, quand nous parlerons des moyens de transport.

Nous mentionnons, dans la manière d’opérer une légère modification, qu’on doit à M. Millet. Cet opérateur place dans le récipient où il va opérer la fécondation artificielle, une passoire, ou un tamis de crin, qu’il agite en sens divers, après que les œufs et la laitance y sont tombés. On imite davantage la nature, en faisant passer ainsi sur les œufs, des courants chargés de molécules fécondantes.

Il n’est pas inutile de faire remarquer que la laitance d’un seul mâle peut suffire à féconder les œufs d’un très-grand nombre de femelles, pourvu qu’on ait soin d’enfermer