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les espèces, doit procurer un grand profit. » Toutes les parties de son travail sont traitées, dit M. Coste, avec tant de précision et tant de bon sens pratique, que toutes les questions fondamentales s’y trouvent résolues. Cette découverte scientifique ne tarda pas à recevoir son application dans l’industrie. Des essais tentés dans le Hanovre près de Nostelem donnèrent de si beaux résultats, que les poissons obtenus par ce procédé devinrent l’objet d’un grand commerce.

Fig. 542. — Boîte à éclosion de Jacobi.

D’après l’auteur d’un Traité de pisciculture que nous avons déjà cité, Jacobi aurait établi en Allemagne, une véritable fabrique de poissons, une piscifacture.

« Jacobi, dit M. Koltz, établit une piscifacture d’abord à Hambourg, ensuite à Hohenhausen et après à Nostelem ; cette dernière donna des résultats assez importants pour que les poissons obtenus par ce procédé y soient devenus l’objet d’un grand commerce, et que l’Angleterre, voulant récompenser un pareil service, accordât une pension à celui qui avait pris cette heureuse initiative[1]. »

Cependant Jacobi ne trouva point d’imitateurs, et il faut arriver jusqu’à nos jours pour trouver quelques tentatives d’application de sa méthode. M. Koltz rapporte ainsi les essais de ce genre, faits en Allemagne.

« Ce n’est qu’en 1815 que le pasteur Armack de Lippendorf, près de Roda, introduisit la pisciculture dans la principauté de Waldeck, ou elle fut propagée par le garde général Scell de Waldeck et le maître forestier Deuchel de Meuzébach. Plus tard, c’est-à-dire en 1824, le grand maître forestier de Kaas, reprenant les procédés de multiplication dont l’application a été faite jusqu’au commencement de ce siècle dans la principauté de Lippe, établit des frayères artificielles à Buckeburg et entruita avec l’aide du garde forestier Franke, de Heinbergen, les eaux de l’État de Schaumbourg-Lippe. En 1827, le garde général Mærtens créa un établissement analogue à Schieder et repeupla les cours d’eau de la principauté de Lippe. Il est à remarquer que les journaux d’alors s’occupèrent chaque fois de ces créations, et que c’est d’après leurs indications que l’on introduisit en 1830 la pisciculture à Lautergrunde et à Hassigsthal près Mœnchœden (Saxe-Cobourg), où elle fut placée sous la direction du conseiller des finances de Westhæuser.

« En 1834, l’Italien Mauro Rusconi, si bien connu des naturalistes par ses travaux sur l’embryologie des salamandres, ayant remarqué par hasard que certains poissons habitant une petite rivière du lac de Como se débarrassaient de leur frai en se frottant le ventre contre le sable du fond, employa la multiplication artificielle dans un but scientifique et multiplia avec succès le Brochet, la Tanche, l’Able et la Perche. Agassiz et Vogt font remonter à la même époque les travaux embryologiques qu’ils entreprirent pour la multiplication de la Palée, petit Salmone propre au lac de Neufchâtel, et qui donnèrent naissance à l’ouvrage classique de ces auteurs. Depuis lors Vogt propagea sa méthode dans le canton de Neufchâtel, où elle est encore en usage, grâce à un règlement de l’autorité.

« L’année 1837 vit naître à Detmold un nouvel établissement ichthyogénique, lequel fut confié au veneur de la cour, Schnitger, et qui produit encore aujourd’hui de beaux résultats, grâce aux soins intelligents du grand maître forestier Wagener[2]. »

En 1837, quand le Saumon commença à diminuer d’une manière sensible dans les eaux de la Grande-Bretagne, M. John Shaw

  1. Koltz, Traité de pisciculture pratique, p. 18.
  2. Koltz, Traité de pisciculture pratique, p. 18.