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jusqu’à huit heures à la lumière diffuse, et au soleil depuis quinze jusqu’à vingt-cinq minutes. Au reste, comme on peut suivre de l’œil la formation du dessin, en le portant pendant quelques instants dans un lieu obscur et en se servant d’une bougie, on est toujours le maître de s’arrêter quand on juge le trait suffisamment renforcé.

Pour fixer l’image positive, c’est-à-dire pour enlever l’excédant du composé chimique qui, sans cette précaution, continuerait de noircir en présence de la lumière, on opère comme pour l’image négative, c’est-à-dire que l’on place l’épreuve dans une dissolution d’hyposulfite de soude ou de sel marin qui dissout l’excès de chlorure d’argent non influencé. En prolongeant plus ou moins la durée de son séjour dans le bain d’hyposulfite de soude, on peut communiquer à l’épreuve une couleur qui varie, en parcourant toute l’échelle des tons bruns et des bistres, jusqu’au violet foncé et au noir intense.

Nous n’avons pas besoin d’ajouter que l’épreuve négative peut servir à donner un très-grand nombre d’autres épreuves positives, et qu’une fois obtenu, ce type peut fournir des reproductions en nombre indéfini.


CHAPITRE VII

perfectionnements apportés à la photographie sur papier. — découverte du négatif sur verre par m. niépce de saint-victor. — découverte du collodion par mm. archer et le gray.

En dévoilant au public les procédés de la photographie sur papier, avec un désintéressement et une libéralité assez rares parmi ses confrères, M. Blanquart-Évrard rendit aux arts photographiques un immense service. De toutes parts on s’empressa de mettre en pratique ces moyens, si simples dans leur exécution, si intéressants dans leurs résultats, et la photographie sur papier reçut bientôt une impulsion extraordinaire. Aussi ne fut-il pas difficile de prévoir dès ce moment, qu’elle ne tarderait pas à s’enrichir de modifications importantes et à marcher rapidement vers le degré de perfection qui lui manquait.

Obtenus en effet par les procédés décrits en 1847, par M. Blanquart-Évrard, les dessins photographiques étaient encore fort au-dessous des produits de la plaque daguerrienne. On y cherchait en vain la rigueur, la délicatesse du trait, l’admirable dégradation de teintes qui font le charme des épreuves métalliques. Le motif de cette infériorité est, d’ailleurs, facile à comprendre. La surface plane et polie d’un métal offre, pour l’exécution d’un dessin photographique, des facilités sans pareilles ; au contraire, la texture fibreuse du papier, ses aspérités, la communication capillaire qui s’établit entre les diverses parties de sa surface inégalement impressionnées, sont autant d’obstacles qui s’opposent à la rigueur absolue des lignes, comme à l’exacte dégradation des lumières et des ombres. Les défauts des images obtenues par les procédés de M. Talbot, ne tenaient donc qu’au papier lui-même. La nature fibreuse du papier, l’inégalité de son grain, l’impureté de sa pâte, son extension variable et irrégulière pendant son immersion dans les différents liquides, telles étaient les causes des difficultés que rencontraient les opérateurs. Le problème du perfectionnement de cette nouvelle branche de la photographie, consistait à remplacer la surface inégale et rugueuse employée à recevoir l’épreuve négative, par une surface homogène et parfaitement plane, imitant le poli si parfait des plaques métalliques.

Ce problème capital fut résolu par la découverte des négatifs sur verre. Au lieu de former sur le papier l’image négative, on la forme sur une lame de verre ou de glace que l’on a préalablement revêtue d’une couche d’albumine ; le dessin négatif produit sur