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parquet sur lequel on place ces tuyaux. Ces détails ne diffèrent pas des parties analogues des fours à tuiles ordinaires, dont tous les ouvriers briquetiers connaissent parfaitement la disposition.

Ce fourneau est en briques communes, garni intérieurement d’argile réfractaire. Quelques fourneaux sont même entièrement en terre et construits d’une manière analogue aux ouvrages en pisé.

On place le combustible sur les grilles des alandiers disposés à la circonférence du four. Des conduits pratiqués dans le prolongement des alandiers, conduisent les gaz résultant de la combustion, sous un parquet de briques sèches disposées en échiquier. C’est sur ce parquet qu’on place les tuyaux verticalement les uns au-dessus des autres.

On peut cuire à la fois, dit M. Mangon, dans un four de cette espèce, 30 à 35 000 tuyaux de 0m,045 de diamètre extérieur, disposés verticalement les uns au-dessus des autres. La cuisson dure trente-trois à trente-quatre heures, et consomme 3 à 4 tonnes environ de houille de qualité moyenne.

On défourne vingt-quatre ou trente-six heures après l’extinction du feu, en démolissant la cloison légère établie, après l’enfournement, dans la porte ménagée dans la paroi du four.

Deux fours semblables au précédent suffisent pour cuire le produit de la fabrication d’un bon tonneau broyeur et de deux machines analogues à celle qui est représentée par les figures 506 et 507.

En supprimant les grilles et en modifiant légèrement la forme des alandiers, on peut employer dans le four précédent du bois ou des fagots, au lieu de houille.

M. Barbier avait envoyé à l’Exposition universelle de 1855, le modèle d’une fabrique de tuyaux pouvant livrer chaque jour 10 000 tuyaux.

Le système de cuisson des tuyaux de M. Barbier, dit M. Barral, est fondé sur l’emploi d’un foyer mobile qui porte successivement la chaleur dans toutes les parties de la masse à cuire et sur l’action continue des gaz qui traversent les produits sur une grande longueur, et dont la température décroît à mesure qu’ils s’éloignent du foyer. Ces gaz cuisent ainsi les tuyaux en même temps qu’ils essaiment et préparent les autres progressivement. Il se prête à une grande variété de plans, selon les exigences de l’emplacement de la matière à cuire et du combustible disponible. Il a pour type, quel que soit le plan qu’on adopte, deux canaux horizontaux et parallèles dont l’un forme le four, l’autre une cheminée. Il consiste en une série continue de laboratoires à petite section, disposés à la suite les uns des autres, selon une directrice horizontale, ayant chacun une embouchure destinée à recevoir la tuyère du foyer, et communiquant d’une part entre eux, et d’autre part avec une cheminée horizontale qui leur est adossée et qui communique à son tour avec une ou plusieurs cheminées verticales. Il est surmonté d’un séchoir qui utilise toute la chaleur rayonnée par les parois. L’axe général de tirage est horizontal. Le foyer construit à volonté pour le bois, la tourbe ou la houille vient se présenter successivement devant chaque laboratoire, y séjourne le temps nécessaire pour cuire les produits qu’il contient et fait ainsi d’une manière continue le tour de l’appareil. Il est monté sur un double système de railways superposés : le système supérieur permet de l’engrener et de le désengrener ; le système inférieur lui fait accomplir sa rotation autour du four[1]. »

Réduire à ses dernières limites la dépense du combustible, graduer avec précision l’échauffement et le refroidissement des produits ; cuire uniformément les tuyaux, en les soumettant presque isolément à l’action des gaz ; opérer le moulage et le séchage en tout temps et en toute saison ; obtenir par une action continue une production considérable et économique : tel est le problème que semble avoir résolu M. Barbier avec l’appareil ci-dessus décrit. Un four construit à Troyes, dans ce système, mais d’une manière provisoire, cuit 5 000 tuyaux de drainage par vingt-quatre heures et a coûté 350 francs.

Nous indiquerons enfin le mode de construction d’un four économique, dit four de campagne qui peut contenir 30 000 tuyaux de petit calibre, qui ne coûte à établir qu’environ

  1. Drainage des terres arables, t. I, p. 403.