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tuyaux, et forme des incrustations solides, qui finissent par les engorger complétement. Les mêmes effets se produisent avec des eaux séléniteuses ou ferrugineuses.

Des engorgements de cette nature sont surtout à redouter dans les drains faits de pierrailles, dans lesquels l’eau, très-divisée, se trouve en contact avec l’air par des surfaces multipliées, et s’écoule lentement. Cet inconvénient est moins à craindre dans des tuyaux de poterie, d’un faible diamètre, qui sont presque constamment remplis d’eau, et dans lesquels le courant est assez rapide pour entraîner les matières étrangères que les eaux ont pu déposer.

Il faut également se tenir en garde contre les obstructions que pourraient produire les racines de certaines plantes, qui vont chercher l’humidité jusque dans les conduits des drains. Quand un filet radiculaire s’introduit dans ces tuyaux, il produit bientôt une masse fibreuse. Cette masse de radicules s’étale, se ramifie à l’intérieur du conduit, et peut opposer un obstacle sérieux au passage de l’eau. Le Tussilage, la Prêle, la Renouée amphibie, le Saule, le Frêne, le Peuplier, le Marronnier, sont les plantes le plus à redouter sous ce rapport. Il faut donc éloigner autant que possible, les tranchées de drainage des haies, des plantations ou des arbres. Si l’on se croit obligé de les rapprocher de plus de 7 à 10 mètres des plantations ou des arbres, on devra garantir les conduits au moyen de tuyaux plus grands, qui les enveloppent, ou même imprégner de goudron la terre qui environne les tuyaux.

Un dernier mode d’obstruction est celui que peuvent produire de petits animaux des champs, qui s’introduisent, par l’entrée des drains, dans les conduits, et venant à y mourir, peuvent faire obstacle au courant de l’eau. Nous avons dit plus haut que les grillages en fer, dont on garnit l’embouchure des drains, ont pour but de prévenir cette cause d’engorgement.

Utilisation des eaux de drainage. — Dans beaucoup de pays les eaux qui s’écoulent des rigoles de drainage, sont distribuées. Elles sont généralement très-bonnes pour les usages domestiques, et peuvent toujours être consacrées aux usages industriels.

En Angleterre, les eaux de drainage alimentent les fontaines et les abreuvoirs nécessaires au service de fermes importantes, et même de villages entiers. Ce fait n’a rien qui doive nous surprendre, car les sources naturelles ne sont autre chose, comme les eaux de drainage, que le produit de l’infiltration de l’eau pluviale à travers des couches intérieures de la terre.

La force et les bonnes qualités de la végétation naturelle qui croît autour des bords des canaux de décharge des eaux de drainage, est l’indice que les eaux qui s’écoulent de ces tuyaux sont de bonne qualité, et qu’elles peuvent être employées avantageusement pour l’irrigation.

Cette combinaison du drainage et de l’irrigation, quand celle-ci s’effectue avec des eaux enrichies à l’aide d’engrais liquides ou facilement solubles, constitue certainement, l’un des plus hauts degrés de perfection où puisse atteindre l’art agricole.

Nous terminerons cette partie de notre sujet, en parlant des dépenses que peuvent occasionner les opérations du drainage, et en essayant d’évaluer les bénéfices que l’agriculteur peut en espérer.

Frais d’établissement du drainage. — C’est généralement à l’hectare qu’on évalue les frais d’établissement d’un drainage complet. Cependant cette évaluation n’est guère possible, car la dépense qu’occasionne le prix du drainage d’un hectare d’un terrain, varie d’une localité à l’autre, et même pour des champs voisins. En effet, la profondeur des saignées, leur espacement, la manière d’être du terrain, le mode de construction des conduits, la valeur des matériaux de ces conduits,