Page:Figuier - Les Merveilles de la science, 1867 - 1891, Tome 3.djvu/601

Cette page a été validée par deux contributeurs.

définitivement, à cause du tassement que ces terrains subissent en se desséchant, et qui peut atteindre 1/5 ou 1/6 de leur épaisseur primitive. Quand on opère dans un sol poreux, avec sous-sol saturé d’eau, parce qu’il repose sur une couche imperméable, il faut, autant que possible, donner assez de profondeur à la tranchée pour que les tuyaux reposent sur cette couche imperméable ; car dans ces espèces de sols l’action d’un drain s’étend d’autant plus loin que sa profondeur est plus considérable. Les drains seront donc plus espacés. Si, dans les sols argileux, à une profondeur qui varie de 1m,50 à 1m,80, on rencontre, ce qui arrive assez souvent, une couche aquifère, composée de matériaux très-poreux, cette couche sera un excellent auxiliaire pour le drainage. On pousse en effet jusqu’à son niveau un moindre nombre de drains qu’il ne serait nécessaire de le faire en général, et on y décharge les eaux de toute la surface.

Il nous reste à montrer que la profondeur minimum à laquelle on peut placer des tuyaux de drainage, est de 0m,70 à 0m,80. En effet, les labours profonds atteignent 0m,25 à 0m,30 : la partie supérieure du conduit de drainage doit se trouver à 0m,08 ou à 0m,10 au-dessous de la profondeur moyenne atteinte par les instruments de culture, pour n’être pas endommagée par ces instruments. Si l’on ajoute maintenant l’épaisseur de la couche préservatrice qui doit exister au-dessus des tuyaux de drainage, on verra qu’en tenant compte des dépressions de certains points du sol, le chiffre que nous avons donné est bien une moyenne minimum de la plus petite profondeur à donner aux drains.

L’expérience, du reste, a démontré qu’une diminution, même peu importante, dans la profondeur des drains, peut avoir de très-regrettables résultats, et il vaut mieux à coup sûr drainer un peu plus profondément que ne l’ont indiqué des calculs plus ou moins rigoureux, pour ne pas s’exposer à recommencer des travaux faits trop superficiellement.

Écartement des drains. — Relativement à l’écartement des drains, les mêmes divergences d’opinions s’élevèrent entre M. Smith et M. Parkes. Les chiffres adoptés par M. Smith sont en général trop faibles, et ceux de M. Parkes souvent trop forts. En général, la distance entre les drains est comprise entre 5 et 20 mètres. Cette distance, comme la profondeur, est, d’ailleurs, très-variable.

Il y a sans doute une relation entre la profondeur et l’écartement des drains ; mais le problème est si compliqué, que, dans l’état actuel de la science, on n’a pu formuler mathématiquement cette relation. M. Barral a établi une formule, mais elle présente une inconnue difficile à déterminer par l’expérience. Cette inconnue, c’est la faculté rétentive du terrain pour les eaux. Si cette force rétentive était égale à zéro, l’eau descendrait de la hauteur de 4m,9 pendant la première seconde de sa chute ; si elle était absolue, tous les drains du monde n’empêcheraient pas l’eau de séjourner à la surface du sol. Quoi qu’il en soit, cette distance dépend surtout de la nature du sous-sol. Un sol compacte et rétentif oppose une grande résistance au mouvement de l’eau qui filtre dans son intérieur ; un sol poreux ou plus léger, laisse un plus libre cours à l’eau, que les drains enlèvent facilement. Dans les terrains de cette dernière sorte, les drains seront écartés et en même temps profonds : dans les terrains compactes, les drains devront être plus rapprochés ; en sorte que, en général, pour obtenir un asséchement uniforme dans des sols de nature différente, il faut rapprocher de plus en plus les drains à mesure que le terrain devient de plus en plus compacte.

Du reste, on peut évaluer directement l’espacement qui convient le mieux à chaque espèce de terrain. On établit à une certaine distance, deux drains, dont la profondeur soit égale à celle qu’on a cru devoir adopter pour le drainage définitif. On creuse un trou au milieu de la distance qui sépare les deux