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sa largeur de 16m,20, et son tonnage de 4 272 tonneaux ; il a 7m,16 de tirant d’eau à l’arrière et 6m,85 à l’avant. Il aura deux paires de machines de la force collective de 900 chevaux nominaux, faisant mouvoir deux hélices, et devant donner au navire, tout armé, une vitesse de 14 nœuds.

Outre les quatre canons de 600 livres dont seront armées les deux tourelles, des canons de chasse seront placés à l’avant et à l’arrière. Le navire sera cuirassé de bout en bout, avec des plaques descendant à 1m,52 au-dessous de la flottaison et allant jusqu’au plat-bord du pont. Par le travers des tourelles, les plaques auront 0m,20 d’épaisseur ; dans les autres parties du milieu du navire, cette épaisseur sera réduite à 0m,177, et aux extrémités, elle sera encore diminuée.

Les deux gaillards sont réunis par un pont central (spardeck) de 7m,35 de largeur, et passant par-dessus les tourelles, pour faciliter les manœuvres et permettre à l’équipage de communiquer à l’avant et à l’arrière.

Lorsque le navire sera simplement à la mer sans combattre, un pavois, en tôle, ayant comme longueur la distance entre les deux gaillards, et comme hauteur celle des gaillards au-dessus du premier pont, et qui, pendant le combat, est rabattu contre la coque, se relèvera et viendra se fixer à la hauteur des gaillards, en cachant les tourelles et les emménagements du pont, et les préservant des coups de mer.

Le Captain (fig. 407, page 569) aura un gréement complet et une surface de voilure en rapport avec son tonnage. Les mâts sont soutenus par des tubes rigides en fer, disposés en trépied ; le restant du gréement est réparti sur la passerelle, et celle-ci devient affectée à la manœuvre qui serait complétement impossible sur le pont proprement dit. Cette mâture en trépied, dont le capitaine Coles attend beaucoup, a été déjà mise en pratique à bord de la Wivern.

Le Monarch a des dimensions plus grandes que le Captain. C’est ce qui a permis de trouver sous le pont des logements aérés ; mais son armement comme artillerie n’est pas plus considérable que celui du Captain, par suite de l’épaisseur plus grande donnée à certaines parties du blindage. Il porte deux tourelles cuirassées, contenant chacune 2 pièces de canon, du poids de 22 tonnes. Il y a, en outre, une pièce à l’avant, sur le pont, pour le tir en chasse, et une autre à l’arrière, pour le tir en retraite. Le blindage s’étend sur toute la flottaison, et se relève à l’extrémité arrière et à l’extrémité avant, de manière à protéger ces deux dernières bouches à feu.

L’épaisseur de la cuirasse varie entre 0m,127, qu’elle possède à la flottaison, et 0m,250 qu’elle atteint sur les tourelles, aux environs des canons, et 0m,10 ou 0m,08 qu’elle garde aux extrémités. Le poids de la totalité des plaques composant le cuirassement, est de 1 380 tonnes.

Le gréement du Monarch est manœuvré du pont du gaillard, comme sur un navire ordinaire. Sa vitesse sous vapeur, fixée dans le contrat passé avec les constructeurs, doit être de 14 nœuds.

Ces deux derniers navires, le Captain et le Monarch, s’écartent du vrai monitor américain par la hauteur plus grande du pont du gaillard au-dessus de la flottaison, par l’addition de dunettes, et par la présence de la voilure. Leur déplacement d’eau est énorme, pour le petit nombre de bouches à feu qui constituent leur valeur offensive.

Les essais de ces deux grands navires, qui auront lieu en 1869, feront voir si, dans ces bâtiments, la part faite aux qualités nautiques et celle faite au jeu de l’artillerie, se complètent d’une manière satisfaisante. Toujours est-il qu’en réclamant du navire à tourelles au delà de ce qui peut convenir au bâtiment de rivière ou au garde-côtes, on a été conduit à lui prêter beaucoup de la physionomie du navire à batterie et à fort central, comme notre Marengo.