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les ordres de l’amiral Hastings Yelverton et procéda, du 20 septembre au 1er novembre, à une série d’expériences dont le but était de constater les qualités de ces bâtiments.

On avait éliminé de cette escadre le Warrior comme insuffisant, et le Minotaur, en raison de sa lenteur d’évolution. L’Hercules était encore sur chantier.

Les roulis furent en général très-amples, et tous ces bâtiments montrèrent une certaine difficulté à virer de bord ; leurs qualités gyratoires ou de vitesse parurent fort inégales. Ainsi l’Achilles, qui possède de belles qualités nautiques, une bonne stabilité, tourne si difficilement sur lui-même, que, dans l’opinion de bien des officiers de la marine anglaise, cette lenteur d’évolution suffirait à causer sa perte dans un combat. Dans un essai de tir par forte mer, l’Achilles seul atteignit la cible servant de but, et si l’Hector l’imita et obtint le même succès, ce ne fut qu’en embarquant une quantité de paquets d’eau vraiment inquiétante. Le Bellerophon ne put tirer que deux coups, bien que pour l’ensemble des qualités, tant à la voile qu’à la vapeur, ce bâtiment et la Pallas parussent les types les mieux réussis de l’escadre. Les formes données aux éperons, tels que celui du Bellerophon, qui sont bien différentes de celles adoptées en France, ne paraissent pas heureuses. Les éperons anglais sont concaves sur le prolongement des flancs du navire et présentent à l’avant l’apparence d’un soc de charrue. Aussi poussent-ils devant eux une montagne d’eau, qui remonte le long du bord au point, comme on l’a vu sur la Pallas durant les essais dont nous parlons, d’atteindre les écubiers et de pénétrer même dans la batterie. Au contraire le Solferino, remarquable par la douceur de ses mouvements de tangage, n’embarque pas d’eau de l’avant, même quand il vogue debout à la lame.

Ce que nous disons des éperons des navires anglais, nous pourrions le répéter pour les hélices. Presque toutes sont des hélices Griffith, à deux ailes seulement, et d’après les expériences de l’escadre de 1866, d’après les forces motrices développées et les vitesses obtenues, elles ne semblent pas construites dans de bonnes conditions pour utiliser la puissance des machines.

Dans le courant de l’année 1867, de nouveaux navires cuirassés ont été mis en chantier sur les plans de M. Reed, approuvés par l’amiral R. Robinson. Ce sont l’Audacious, et ses pareils, le Vanguard et l’Invincible. Ces navires doivent être cuirassés à la flottaison seulement, avec un fort central rectangulaire blindé, comportant deux étages de feux, et dont les angles abattus présentent des sabords.

Enfin, en 1868, d’après l’exposé du premier lord de l’amirauté, fait à la chambre des communes le 11 mai 1868, on doit entreprendre de construire :

1o Sur le type de l’Audacious les navires l’Iron-Duke, le Swiftsure, et le Triumph, en fer avec cuirasse de 0m,152 et 0m,202 d’épaisseur s’appuyant sur un matelas en teak de 0m,254. La carène du Triumph doit être, à titre d’essai, doublée en bois avec cuivre par-dessus le bois, afin d’éviter les inconvénients inhérents aux carènes en fer, comme résistance à la marche, que nous avons signalés plus haut.

2o Le Sultan sur le type de l’Hercules.

3o Un garde-côtes à une tourelle battant tout l’horizon et armé de deux canons de gros calibre ; ainsi qu’un bélier de 600 chevaux nominaux, pourvu d’une tourelle fixe, avec un canon sur plate-forme tournante.


CHAPITRE IX

les bâtiments cuirassés à tourelles de la marine anglaise et de la marine américaine. — le merrimac et le monitor. — le combat naval d’hampton-road, en amérique.

C’est à dessein, que dans les chapitres précédents, nous ne nous sommes pas arrêté à