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Concluons de cet examen comparatif, que la frégate anglaise construite à l’imitation de la Gloire, est loin d’avoir surpassé, ou même égalé sa rivale.

Le Warrior fut bientôt suivi de son frère jumeau, le Black-Prince, qui lui est identique par les détails principaux de sa construction. Vinrent ensuite la Defence et la Resistance.

La Defence, construite chez MM. Salmer frères, mise à l’eau le 24 avril 1861, ne fut achevée qu’en mars 1862. Pendant les essais auxquels on soumit cette frégate, on reconnut que c’était un navire assez médiocre, d’une vitesse inférieure à celle du Warrior, et tout à fait insuffisante, ne se gouvernant pas mieux à la mer que son aîné, et n’ayant sur le Warrior qu’un avantage, celui de coûter moins (6 millions).

Au reste, l’amirauté anglaise n’avait pas eu besoin d’attendre l’achèvement de ces premiers navires pour condamner diverses particularités, et principalement le cuirassement partiel que l’on avait adopté. L’amiral, premier secrétaire de l’amirauté, avait vu, à Toulon, la Gloire rentrer, sans trace de fatigue, de son voyage d’Alger, après avoir essuyé les grands coups de vent des 19 et 20 septembre 1860. Il lui était donc prouvé que les défauts nautiques des premiers types anglais n’étaient pas inhérents au blindage métallique, mais que les navires cuirassés demandaient à être étudiés d’après les conditions qui leur sont spéciales.

On voulut alors, en Angleterre, avoir des frégates cuirassées d’un bout à l’autre, comme les nôtres. On n’y parvint toutefois encore qu’imparfaitement.

Dans l’Hector, qui fut mis en chantier chez M. Napier, à Glasgow, en mars 1861, et dans son semblable, le Valiant, la cuirasse règne bien de bout en bout, à la hauteur de la batterie ; mais elle ne descend au-dessous de la flottaison que dans la partie centrale, sur une longueur égale aux deux tiers seulement de la longueur totale du navire. Ces deux bâtiments, dessinés, comme les précédents, par M. Watts et l’amiral sir B. Walker, sont de dimensions moindres que le Warrior, mais un peu supérieures à celles de la Defence. Ils ont 85m,84 de longueur pour une largeur de 17m,9 ; ils déplacent 6 483 tonneaux au tirant d’eau moyen de 7m,50 ; leur machine est de la force nominale de 800 chevaux. Ils furent terminés dans le courant de l’année 1863.

Le principe du cuirassement étendu à toute la flottaison, fut enfin adopté dans l’Achilles. Il est vrai que, dans les œuvres mortes, ce navire n’est cuirassé que partiellement, comme le Warrior, dont il rappelle les dimensions, car sa longueur est de 115m,81, son déplacement de 9 670 tonneaux, et sa machine de 1 250 chevaux nominaux. C’est le premier bâtiment cuirassé qui fut construit au dockyard royal de Chatham. Le plan de l’Achilles avait été dessiné par M. Watts et l’amiral R. Spencer Robinson.

Ces proportions, déjà considérables, ont été encore dépassées sur le Minotaur, l’Agincourt et le Northumberland. La longueur de ces trois navires atteint près de 122 mètres, et leur déplacement d’eau est de 10 390 tonneaux. Ce sont les plus grandes dimensions qui se rencontrent dans les flottes cuirassées. Une machine de 1 350 chevaux nominaux imprime à ces énormes masses une vitesse de plus de 14 nœuds, en temps calme. L’épaisseur de la cuirasse a été portée à 0m,14 ; elle règne de bout en bout, depuis le plat-bord jusqu’à 1m,53 au-dessous de la flottaison. Le Northumberland fait exception à cette règle, car ses extrémités hautes, avant et arrière, ne sont pas cuirassées. Ces immenses navires n’ont pas coûté moins de 11 millions chacun. La figure 402 représente le Minotaur.

Malgré l’activité avec laquelle ces constructions nouvelles étaient poussées, malgré de grands sacrifices d’argent et un empresse-